Amina Oufrouki, une héroïne au service des précaires

Auteur 5 avril 2018 0
Amina Oufrouki, une héroïne au service des précaires

Honorée par le gouvernement Trump d’une distinction pour sa contribution à la lutte contre la traite des êtres humains, la juge marocaine poursuit son combat en faveur des femmes et des enfants en situation de précarité.

En juin dernier, la juge marocaine Amina Oufroukhi était à Washington où elle recevait des mains de Rex Tillerson, alors secrétaire d’Etat américain, et en présence d’Ivanka Trump le prix « Héroïne du rapport sur la traite des êtres humains au titre de l’année 2017 ». « Cette distinction constitue à juste titre une reconnaissance des progrès réalisés par le Royaume en matière de lutte contre la traite des êtres humains, notamment à travers la promulgation d’une nouvelle loi », déclarait alors Amina Oufroukhi à l’agence de presse MAP.

Depuis la magistrate est rentrée au pays et a repris son travail. Elle participait le 21 février dernier à Rabat à une rencontre sur le thème « Femme et enfant en situation de précarité » présidée par la princesse Lalla Meryem, organisée par l’Union nationale des femmes du Maroc et l’Observatoire national des droits de l’enfant.

Juge au sein de la Direction des affaires criminelles au ministère de la Justice, Amina Oufroukhi est en charge des enjeux concernant les femmes, les enfants, et les personnes vulnérables et victimes de trafic. Elle a collaboré auprès de l’ONU Femmes sur le thème des inégalités de genre au Maroc et dans le monde arabe.

Un combat de 28 ans

Cela fait 28 ans qu’Amina Oufroukhi s’est engagée corps et âme dans son combat en faveur des défavorisés, accordant toujours plus d’importance aux résultats de son travail qu’à la gestion de sa carrière Et si elle a connu les honneurs à Washington, cela ne lui monte pas à la tête. « J’ai toujours voulu travailler loin des projecteurs » raconte Amina à Femmes du Maroc.

Agée de 52 ans, Amina Oufroukhi est issue d’une famille de magistrats. Son père était au parquet général et son grand-père était le premier cadi (juge musulman) de la région d’Itzer au Moyen-Atlas. Et elle a de qui tenir : son grand-père avait tellement à cœur sa mission qu’il finançait lui-même ses déplacements dans la région : «  J’ai grandi avec une image très noble du métier de magistrat.”

Une famille de magistrats

Amina Oufroukhi est l’aînée de cinq enfants, et son père encourage ses filles à l’émancipation. Son bac en poche, Amina se tourne naturellement vers des études de droits. Elle démarre sa carrière en 1989 comme commissaire judiciaire où elle suit les dossiers d’enfants victimes ou en conflit avec la loi. Les années passent et la jeune femme se fait un nom dans le milieu. En 2003 elle participe à la réforme du Code pénal qui relève l’âge de la majorité pénale à 18 ans et inclut des dispositifs qui garantissent l’intérêt de l’enfant.

En 2009 elle engage une campagne de sensibilisation sur la question de la traite des êtres humains, et participe à des projets dans ce domaine qui aboutiront à la promulgation de la nouvelle loi qui vaudra à la juge sa récente distinction à Washington. « J’espère que je pourrai mériter encore longtemps ce titre », confiait Amina Oufroukhi avec l’humilité qui la caractérise.

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