L’entrepreneuse camerounaise met toute son énergie au service de la numérisation du continent africain au travers de différentes structures comme AfriLabs ou AppsTech.
Rebecca Enonchong est une figure incontournable de l’entrepreneuriat numérique en Afrique. Celle que l’on surnomme « la tata nationale » y est un modèle pour de nombreux jeunes entrepreneurs. Fondatrice d’AppsTech, une société spécialisée dans les solutions numériques pour l’entreprise, présente dans plus de 40 pays, Rebecca est également présidente d’ActivSpaces, un important incubateur de start-up au Cameroun.
Elle est aussi l’un des membres fondateurs d’African Business Angel Network, un groupe d’investisseurs pour les entreprises africaines innovantes. Enfin, elle est la présidente d’AfriLabs, un réseau panafricain qui compte plus de 100 centres d’innovation.
Cette passionnée du numérique multiplie ainsi les initiatives pour faire bouger l’Afrique : “Nous ne devons pas rater la quatrième révolution industrielle, surtout au vu du sens de l’innovation et l’esprit d’entreprise qui caractérise la jeunesse africaine d’aujourd’hui”.
Rebecca Enonchong apporte ainsi son soutien à de nombreux jeunes entrepreneurs africains. « C’est notre mentor et la grande sœur qui nous encourage. Elle est extrêmement exigeante, mais c’est dans l’optique de nous voir réussir », témoigne au Monde Olivier Madiba, fondateur de Kiro’o Games, premier studio camerounais de jeu vidéo proposant des contenus 100 % africains. Rebecca a investi de l’argent dans Kiro’o et a conseillé l’équipe sur sa stratégie. Grâce à elle, Kiro’o Games a pu ouvrir une antenne aux Etats-Unis et accéder ainsi au marché d’Amazon auquel les entreprises africaines n’ont pas accès.
Entrepreneur à 17 ans
Elle-même a démarré très jeune dans l’entreprenariat. Dès 17 ans, la jeune Rebecca devient directrice d’une entreprise pour laquelle elle avait auparavant vendu des abonnements de journaux au porte-à-porte. Durant cette période elle étudie à l’université catholique d’Amérique de Washington où elle obtient une maîtrise en science de l’économie.
La fille du célèbre avocat Henry Ndifor Abi Enonchong travaille également pour la société Oracle ainsi que pour la Banque interaméricaine de développement (BID) aux Etats-Unis où elle a grandi.
En 1999, elle fonde AppsTech, sa première entreprise, à Bethesda (Maryland). Puis, désireuse d’agir sur le marché africain, elle y étend ses activités. Mais son combat pour digitaliser l’industrie africaine se heurte à des résistances et à des manques de moyens. Ce que regrette Rebecca qui devra se résoudre à fermer certaines filiales d’AppsTech au Cameroun.
Pour autant, Rebecca Enonchong ne se laisse jamais décourager, « la persévérance et la confiance en soi » étant au cœur de son tempérament. Cet engagement lui a déjà valu près d’une dizaine de récompenses parmi lesquelles l’Afrique Entrepreneur Award en 2001, Leader Mondial de demain au Forum économique mondial en 2002. Forbes la classe, en 2014, parmi les dix femmes entrepreneurs Tech les plus influentes en Afrique.
Parmi ses nombreux projets, Rebecca travaille au lancement d’AppsTech Universe, une plateforme à base d’intelligence artificielle qui réunira toutes les solutions de gestion pour les dirigeants de PME. « Grâce à une commande vocale, le patron aura la situation comptable en temps réel sur son smartphone » affirme Rebecca qui assure prendre en compte la spécificité africaine. Ce projet vise à combler l’un des plus grands besoins des entreprises africaines qui est la collecte de données, trop éparses, et leur analyse. « Pour qu’une compagnie soit compétitive, le chef d’entreprise a besoin d’une vue d’ensemble pour prendre de bonnes décisions » ajoute-t-elle.
Infatigable, cette passionaria du numérique est sur tous les fronts pour partager son expérience et faire avancer l’Afrique vers un futur digital.
Sources des photos : jeuneafrique.com / Hernetwork.co