La présidence tournante a propulsé la France à la tête de l’UE pour les six premiers mois de 2022. Une opportunité à saisir pour le continent africain alors qu’un sommet entre les deux continents est prévu à Bruxelles en février.
La France est depuis le 1er janvier 2022 à la tête de la présidence de l’Union Européenne pour une durée de six mois. Qu’est-ce que cela peut changer pour l’Afrique ? Les relations entre les deux continents sont très étroites et les chiffres illustrent bien cette proximité : sur l’année 2020, le volume total d’échanges commerciaux entre l’Afrique et l’Union Européenne s’élève à 225 milliards d’euros. Depuis 2016, ces échanges ont augmenté de 20 % et L’UE demeure toujours le premier investisseur et premier partenaire commercial en Afrique sub-saharienne.
Au regard de la relation particulière que la France entretient avec le continent africain, sa présence à la tête de l’UE va accélérer l’élaboration de nouvelles discussions et devrait aboutir à de nouveaux accords. Emmanuel Macron, le président français, a déjà prévenu qu’il souhaitait faire du renforcement du partenariat euro-africain l’une de ses priorités. Son objectif, parvenir à l’instauration d’un « New Deal », rappelant qu’à l’horizon 2030, les économies africaines ont un besoin en financement de 300 milliards d’euros pour se relancer après avoir subi les conséquences liées à la crise du Covid 19.
Une feuille de route pour la santé, l’éducation et l’environnement
Ce n’est pas la première fois qu’Europe et Afrique se retrouvent à la table de négociations. La première réunion entre Union Africaine et Union Européenne eut lieu en 2000, au Caire. Depuis cette date, une réunion est organisée tous les trois ans pour ajuster la feuille de route. Le prochain sommet aura lieu en février 2022 à Bruxelles. Les enjeux principaux de ce nouveau rendez-vous africano-européen sont les suivants : la renégociation d’accords commerciaux, le pacte migratoire, l’endiguement de la menace terroriste en renforçant la protection de l’Europe ainsi que la définition d’une feuille de route pour la santé, l’éducation et l’environnement. Le déploiement de moyens efficaces pour lutter contre la pandémie de Covid sera aussi au cœur des discussions.
Sur le plan commercial, les outils sont en train d’évoluer depuis deux ans et il va falloir s’adapter aux changements. Il existe déjà des accords d’association entre l’UE et les pays d’Afrique du Nord et l’accord de Cotonou pour l’Afrique sub-saharienne est sur le point d’être modifié (accord post-Cotonou). Il faut aussi préparer les changements liés à l’instauration de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF) qui va redessiner le paysage économique sur l’ensemble du continent.
Sécurité et migration au cœur des négociations
Concernant la sécurité, Macron insiste sur le fait que la nouvelle relation entre Afrique et Europe sera décisive pour structurer la paix en Méditerranée mais aussi en Afrique sub-saharienne. Le président français espère renforcer le partenariat avec l’Afrique sur ce sujet, conscient des menaces qui continuent de peser sur l’Europe et particulièrement sur la France en matière de terrorisme, bien qu’il n’y ait pas eu récemment d’attentats d’envergure. Mais l’accord ne sera pas unilatéral car l’Afrique a besoin d’aide, que ce soit dans le Sahel, dans le Golfe de Guinée ou même encore au Mozambique pour lutter contre le terrorisme.
La crise migratoire sera aussi placée au cœur du débat. Avec Macron, l’Europe réaffirme sa fermeté vis-à-vis de l’immigration illégale. Il souhaite notamment parvenir à une reconduite automatique aux frontières en cas d’interception de migrants illégaux qui ne peuvent accéder à un statut de réfugié. Quoi qu’il en soit, l’immigration ne pourra être résolue que par le biais de politiques de développement efficaces. Il faudra pour cela réussir à financer de nouveaux projets permettant de créer de la valeur ajoutée, de l’emploi et du dynamisme économique dans certains pays africains en grande difficulté. Financement d’infrastructures, mise en place de réseaux, investissement dans les nouvelles technologies… La France estime que le mécanisme d’investissement solidaire des entreprises européennes en Afrique doit plus que jamais être réactualisé.
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