Quand l’Afrique invente son futur vidéoludique

Auteur 17 septembre 2025 0
Quand l’Afrique invente son futur vidéoludique

Les jeux vidéo africains sont en train de tracer leur propre chemin dans l’univers du gaming mondial. Longtemps dominée par les géants américains, japonais ou européens, l’industrie voit aujourd’hui émerger des studios africains qui apportent une touche unique, mêlant créativité, identité culturelle et innovation. Cette dynamique suscite beaucoup d’enthousiasme et montre qu’une nouvelle page s’écrit pour le continent.

Des studios locaux qui racontent leurs propres histoires

Au Cameroun, le studio Kiro’o Games a ouvert la voie. Leur premier grand titre, Aurion: Legacy of the Kori-Odan, a marqué les esprits par son univers inspiré des mythes africains. Ce jeu a prouvé qu’il existait une véritable place pour des récits enracinés dans les cultures locales. Plus récemment, le studio a lancé Le Responsable Mboa, une parodie de la bureaucratie africaine sous forme de jeu mobile, qui a rencontré un joli succès auprès du public.

En Afrique du Sud, le studio Nyamakop prépare Relooted, un jeu d’action et de stratégie qui met en scène un groupe de héros chargés de récupérer des artefacts africains pillés, en pénétrant dans des musées occidentaux. Le concept est original, à la croisée de l’histoire et du divertissement, et pourrait séduire un large public. D’autres studios, comme Leti Arts au Ghana ou Usiku Games au Kenya, travaillent aussi sur des titres innovants qui mêlent traditions africaines et mécaniques de jeu modernes.

Défis à relever, mais un avenir plein de promesses

Évidemment, le chemin n’est pas toujours simple. Beaucoup de studios doivent composer avec des difficultés de financement. Créer un jeu vidéo, surtout sur PC ou console, demande des moyens importants et les investisseurs locaux restent encore frileux. L’infrastructure représente aussi un défi, avec parfois un accès limité à l’électricité stable ou à Internet haut débit. Enfin, pour rivaliser avec les grandes productions internationales, il faut aussi développer des compétences techniques de pointe, ce qui reste compliqué dans des pays où la formation au game design est encore émergente.

Mais malgré ces obstacles, l’espoir est bien présent. Le mobile constitue une porte d’entrée idéale : accessible, peu coûteux et largement répandu en Afrique. Beaucoup de studios choisissent ce format pour toucher directement des millions de joueurs. Les plateformes comme Google Play ou App Store offrent une vitrine mondiale, et il suffit parfois d’un seul jeu bien pensé pour se démarquer.

L’autre atout, c’est l’authenticité. Les joueurs, en Afrique comme ailleurs, sont de plus en plus sensibles à des univers originaux et à des récits différents de ce qu’on voit habituellement. Les mythes, les légendes, les langues locales, les ambiances sonores traditionnelles offrent un potentiel immense pour créer des expériences uniques. Le succès de projets comme Tales of Kenzera: ZAU, inspiré des mythes bantous, prouve que le public est prêt pour ce genre d’aventures.

On peut donc imaginer un avenir où des jeux africains trouveront naturellement leur place dans les catalogues mondiaux aux côtés des grands titres japonais ou américains. Relooted, déjà très attendu, pourrait bien être l’un de ces succès. Mais derrière lui, toute une nouvelle génération de créateurs est en train de se préparer, portée par la passion, l’imagination et la volonté de montrer au monde une autre facette de l’Afrique.

En somme, si les studios africains doivent encore franchir de nombreux obstacles, leur énergie et leur créativité laissent présager de belles surprises. Le gaming made in Africa est jeune, mais il est plein de promesses, et il ne fait que commencer à écrire son histoire.

Image : lemonde.fr

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