La ZLECAf : Un levier stratégique pour l’intégration économique du continent

Auteur 19 mars 2025 0
La ZLECAf : Un levier stratégique pour l’intégration économique du continent

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) représente l’une des initiatives les plus ambitieuses de l’Union africaine (UA) visant à transformer l’économie du continent.

Lancée officiellement le 1er janvier 2021, la ZLECAf a pour objectif principal de stimuler le commerce intra-africain en éliminant les barrières tarifaires et non tarifaires. Elle couvre 54 des 55 pays membres de l’UA, rassemblant plus de 1,3 milliard de personnes et un produit intérieur brut (PIB) combiné de plus de 3 400 milliards de dollars. Cette initiative promet de révolutionner le paysage économique africain en facilitant les échanges commerciaux, en diversifiant les économies et en renforçant les chaînes de valeur locales.

Les acteurs clés de la ZLECAf

Le déploiement de la ZLECAf repose sur une collaboration étroite entre diverses parties prenantes : les gouvernements nationaux, l’Union africaine, la Banque africaine de développement (BAD), ainsi que des organisations régionales telles que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).

Le Secrétariat de la ZLECAf, basé à Accra, au Ghana, joue un rôle crucial dans la coordination des politiques commerciales, l’harmonisation des règlements et le suivi des engagements pris par les États membres. Les institutions financières internationales et des partenaires économiques comme la Chine, l’Union européenne et les États-Unis s’intéressent également de près à l’évolution de cette zone, cherchant à renforcer leurs relations commerciales avec l’Afrique.

Les points forts de la ZLECAf

La mise en œuvre de la ZLECAf présente plusieurs avantages stratégiques pour l’Afrique. Tout d’abord, l’élimination progressive de 90 % des droits de douane sur les biens et services devrait permettre d’augmenter le commerce intra-africain de plus de 50 % d’ici 2030, selon les estimations de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).

De plus, en facilitant les échanges, la ZLECAf pourrait stimuler l’industrialisation et attirer davantage d’investissements directs étrangers (IDE), renforçant ainsi la résilience des économies locales face aux chocs externes. L’harmonisation des normes et la simplification des procédures douanières devraient également réduire les coûts logistiques et les délais de transport, améliorant ainsi la compétitivité des entreprises africaines sur le marché mondial.

Critiques et polémiques autour de la ZLECAf

Malgré ses promesses, la ZLECAf n’échappe pas aux critiques. Les disparités économiques entre les pays membres posent un défi majeur : les économies les plus développées risquent de tirer davantage profit de la libéralisation des échanges, exacerbant les inégalités régionales. De plus, certains secteurs sensibles, comme l’agriculture, redoutent une concurrence accrue, menaçant les producteurs locaux.

L’absence d’infrastructures adéquates et les barrières non tarifaires persistantes, telles que la corruption et l’instabilité politique dans certaines régions, freinent également l’intégration économique. Par ailleurs, la lenteur des négociations sur les protocoles liés aux services, aux investissements et à la propriété intellectuelle suscite des inquiétudes quant à la pleine opérationnalisation de la ZLECAf.

Perspectives d’avenir : vers une intégration réussie ?

Pour que la ZLECAf tienne ses promesses, il est impératif d’accélérer les réformes structurelles et d’investir massivement dans les infrastructures de transport et d’énergie. L’amélioration de la connectivité régionale et le renforcement des capacités des petites et moyennes entreprises (PME) africaines seront essentiels pour garantir une répartition équitable des bénéfices.

La mise en place d’un mécanisme efficace de règlement des différends et d’un cadre réglementaire harmonisé pourrait également renforcer la confiance des investisseurs. Enfin, la ZLECAf devra s’appuyer sur une coopération renforcée avec les partenaires internationaux pour relever les défis liés à la sécurité et à la stabilité politique.

En somme, la ZLECAf constitue une opportunité historique pour l’Afrique d’affirmer son indépendance économique et de réduire sa dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs. Sa réussite dépendra toutefois de la capacité des États membres à surmonter les défis internes et à adopter une vision commune pour l’avenir du continent.

Photos : prospective-innovation.org/

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