L’Afrique tend-elle à devenir un continent émergent ou est-elle un gâteau que se partagent la Chine et les Etats-Unis ? Dans quelle mesure le continent africain est-il le nouveau terrain d’affrontements entre l’empire du milieu et les USA ? Etude sur les relations commerciales, diplomatiques et politiques entre ces trois partenaires.
Ce serait évidemment une erreur de considérer l’Afrique comme une entité unique puisque c’est un continent regroupant différents pays avec un passé et un présent très différents. Mais en ce qui concerne ses relations avec la Chine et les Etats-Unis, l’Afrique peut être définie comme un pays-continent et donc considérée comme un partenaire à part entière. C’est d’ailleurs la 3e région du monde ayant la croissance la plus forte, après le Moyen-Orient et l’Asie. C’est une des raisons pour laquelle elle est aujourd’hui le théâtre de cette nouvelle guerre froide entre la Chine et les Etats-Unis.
Approche politique et diplomatiques différentes
Historiquement, les relations entre la Chine et l’Afrique remontent à l’année 1955, la conférence de Bandung, date à laquelle les Chinois ont commencé à porter un intérêt pour le continent africain. A partir de cette date, la Chine a reconnu les indépendances de chaque pays et notamment de l’Algérie en 1958. Cela s’inscrivait dans la recherche de positionnement en tant que troisième bloc, face aux Américains et aux Russes. Depuis lors, l’empire du milieu n’a jamais cherché à influer sur les décisions politiques des Etats africains et offre donc aujourd’hui son savoir-faire, sa main d’œuvre et propose des prêts très avantageux sans aucune condition.
De l’autre côté, et de manière diamétralement opposée, les Etats-Unis fixent des règles lors de leurs différents échanges. Avec une approche, qualifiée d’impérialiste par la Chine, les Américains conditionnent leur aide et leur coopération économique à des actions spécifiques de la part des pays africains. Par exemple, la loi AGOA, African Growth and Opportunity Act, qui favorise la coopération économique entre l’Afrique et les Etats-Unis impose aux pays africains d’assainir leur environnement économique, en d’autres termes de lutter contre la corruption.
Afrique : réservoir de matières premières
Pour ces deux pays, l’Afrique est évidemment vue comme un formidable réservoir de matières premières. Le pétrole, tout d’abord, attire les Chinois pour différentes raisons : la raréfaction des réserves en Indonésie, des besoins de plus en plus importants dans un pays où la population augmente et où la demande des consommateurs se modernise. Les Etats-Unis, quant à eux, ont décidé de trouver de nouveaux partenaires depuis le 11 septembre, loin du Moyen Orient.
Mais l’Afrique possède bien d’autres richesses : du gaz, du cuivre, du nickel, de l’uranium. Certains minerais sont indispensables à la fabrication de matériels informatiques, comme les téléphones mobiles.
Toutes ces matières premières sont au cœur du conflit entre la Chine et les Etats-Unis. La filière bois au Congo-Brazzaville en est un bon exemple. Dans ce pays, où la forêt est considérée comme le 2e poumon de la planète, les Américains investissent des fonds pour garantir la stabilisation de l’exploitation de la forêt. Or, la compagnie chinoise SICOFOR y exploite le bois et n’entend pas les choses de la même oreille. La Chine est ainsi devenue le 1er exportateur de bois congolais.
La Chine : le « grand frère »
On peut donc facilement imaginer que dans de telles conditions, les relations entre la Chine et l’Afrique pèsent lourd. En 2012 cela correspondait à 200 milliards de dollars(1). Les investissements chinois ont atteint, en 2013, 25 milliards de dollars et plus de 2 500 entreprises chinoises y investissent(2). Et ce n’est pas tout, l’Afrique représente pour la Chine un réservoir de consommateurs.
Pour le secteur des télécoms notamment, il y a 900 millions de consommateurs potentiels. Cet âge d’or des relations entre la Chine et l’Afrique n’est pas prêt de s’arrêter. Le “grand frère” chinois compte le rester. La Chine sera, ainsi, à la tête du G77, groupe des pays non alignés, lors de la conférence Paris Climat en décembre 2015. C’est dans ce cadre, entre autres, que l’Afrique doit exiger de la part de ses partenaires économiques des relations plus équitables. Mais les Etats-Unis n’ont pas dit leur dernier mot et vont surement répliquer! Qui sera le gagnant ?