Jean-François Ndenguet réveille les vieux démons du Congo

Auteur 7 octobre 2013 0
Jean-François Ndenguet réveille les vieux démons du Congo

« Boma Zaîrois, tika nioka !» (« Tues le Zaïrois mais épargne le serpent ! »). Une phrase lourde de sens prononcée par le général Jean-François Ndenguet, Directeur général de la police du Congo-Brazzaville, un des proches du Président de la République du Congo, Denis Sassou-Nguesso. Une escalade verbale qui témoigne de la relation amour-haine que les deux rives du fleuve Congo entretiennent. Une estocade portée par un haut commis de l’Etat qui traduit la tension qui prévaut entre les deux peuples-frères. En effet, les habitants du Congo-Brazzaville, de la RDC et de l’Angola appartiennent à un même et unique peuple qui était autrefois regroupé au sein l’ancien empire Kongo.

Frontière commune

« Notre problème n’est pas le contrôle des Ouest-Africains. La lutte que nous menons, c’est contre les Kuluna. Que ces Zaïrois aillent semer des troubles dans leur pays. Ici chez nous, nous n’en voulons pas. C’est pourquoi, ces Zaïrois, nous allons commencer à les tuer ! ». Cette véritable déclaration xénophobe lancée par le général Jean-François Ndenguet trahit la cocotte-minute qui est prête à exploser à tout moment entre la population des deux pays. Les deux Congo ont pourtant tout en commun. Le premier de leur trait d’union est le fleuve « Congo » qui les lie et qui les divise en même temps.

D’un côté de la rive se situe le Congo, ou Congo-Brazzaville, qui a pour voisins le Gabon, le Cameroun, la République centrafricaine, Angola et bien sûr la République démocratique du Congo. Le pays s’étend sur 1 300 km du nord au sud, de l’océan Atlantique à la frontière centrafricaine. Et de l’autre côté, la République du Congo. Les capitales des deux pays, Brazzaville d’une part et Kinshasa de l’autre, sont séparées par le fleuve Congo qu’un pont enjambe, reliant ainsi les deux villes.

Une xénophobie qui s’amplifie

La déclaration du général Jean-François Ndenguet, en marge d’une tournée dans un quartier populeux de Brazzaville, fait donc écho à une forte tension entre Kinois et Brazzavillois. Cela est notamment lié à l’augmentation du nombre de réfugiés de part et d’autre. Les conditions de vie très difficiles du Congo ont incité des congolais de Kinsasha à quitter leur pays pour l’autre côté de la rive. Les immigrés sont souvent accusés d’amplifier l’insécurité et la pauvreté. Dans un autre pays comme l’Angola, les Congolais de la RDC ne sont pas mieux lotis. Ils y sont souvent victimes de mauvais traitement de la part des habitants locaux

Cette souffrance partagée n’explique pas tout. Le général Jean-François Ndenguet a une réputation sulfureuse qui le précède. L’officier était mêlé à l’Affaire des disparus du Beach. Une tuerie collective orchestrée par des responsables d’État, qui s’est tenue entre le 5 et le 14 mai 1999 au port fluvial du Beach de Brazzaville en République du Congo. Le général entretient également une relation privilégiée avec le Président Sassou Nguesso. Ce dernier a mis la main à la pâte pour pouvoir libérer le général quand il était mouillé dans l’affaire des disparus du Beach.

L’attaque verbale du Directeur général de la police du Congo-Brazzaville fait donc planer le spectre des vieux démons historiques. Une situation qui ne fera que des victimes des deux côtés de la rive.

Puis démenti officiel:

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