Selon certains experts, l’Afrique serait sur le point de devenir la troisième puissance économique mondiale, derrière les Etats-Unis et la Chine. Il ne lui faudrait qu’une dizaine d’années pour y parvenir, et cela suscite naturellement l’inquiétude des Européens. Durant les trois dernières décennies, l’Europe ne finançait, en Afrique, que les secteurs qui ne risquaient pas de concurrencer les produits européens, comme le café, la banane et le cacao, et qui ne permettaient pas à l’économie africaine de se développer. Aujourd’hui, les pays africains, devant le déclin économique de l’Union européenne, ont désormais la possibilité de s’émanciper et de lancer sur le marché des produits favorables à leur propre développement. L’huile de palme, que produit l’Afrique, pourrait devenir un objet de « guerre économique » entre l’Europe et l’Afrique.
Qu’est-ce que l’huile de palme?
L’huile de palme est une huile végétale, solide, qui a pour particularité d’être la plus consommée au monde. Largement utilisée dans les cuisines tropicales et asiatiques, elle sert aussi à l’industrie, surtout agroalimentaire. De plus, elle contient beaucoup de vitamine A. Toutes ces caractéristiques la différencient de ses principales concurrentes que sont l’huile de colza et l’huile de tournesol : elle est énormément utilisée dans la confection des biscuits, des céréales, des barres chocolatées et dans les repas qui conviennent aux enfants.
Les controverses
Les débats autour de l’huile de palme illustrent à merveille la prochaine guerre économique qui pourrait bientôt sévir entre l’Europe et l’Afrique. De nombreux spécialistes européens mettent en garde contre les dangers de cette huile sur la santé et recommandent à la population de consommer plutôt de l’huile de colza. Les Africains, quant à eux, prétendent que cet acharnement européen contre l’huile de palme est dû à la volonté de freiner le décollage de l’économie africaine, et qu’au contraire, l’huile de colza est beaucoup plus dangereuse pour la santé. Jean-Paul Pougala, directeur de l’Institut d’Etudes Géostratégiques de Genève, soutient que les dirigeants européens mettent en danger, avec l’huile de colza, la vie de leurs concitoyens, afin d’éviter d’avoir à importer l’huile de palme, bien meilleure pour la santé, qui permettrait le développement économique de l’Afrique.
La bataille économique
L’huile de palme illustre les rapports de force économique entre l’Union européenne et le continent africain. Ce que craint l’Europe, et qui est en passe de se produire, c’est, après une domination coloniale et post-coloniale sur l’Afrique, une prochaine dépendance économique au continent que l’Europe contrôlait autrefois. Sous prétexte de sauver les agriculteurs européens, l’Europe recommande de ne pas consommer d’huile de palme. Mais le véritable danger pour les dirigeants européens réside sans aucun doute dans le fait que la guerre économique avec l’Afrique s’annonce dure et inévitable : la population africaine est jeune, innovante, et en a assez des donneurs de leçons venant d’Europe; elle est donc apte à lancer sur le marché d’autres produits que l’huile de palme, des produits qui ne feront que précipiter le déclin économique de l’Europe. Dans les prochaines années, l’Union européenne devra donc, après le développement fulgurant de la Chine, faire face à un concurrent qu’elle avait l’habitude de considérer comme sous-développé.
L’intox des agents vecteurs de cette guerre économique ralentit les projets de palmeraies créateurs de richesses dans les régions « pauvres » de l’Afrique sous le prétexte de la protection de l’environnement, même quand les investisseurs sont certifiés RSPO.