Dans certains pays du continent africain, plus de la moitié des médicaments en circulation sont contrefaits. La contrefaçon médicamenteuse tue chaque année quelque 700 000 personnes.
L’Organisation mondiale de la Santé définit un médicament contrefait comme étant « un médicament dont l’identité et/ou l’origine est délibérément et frauduleusement falsifiée », que ce soit pour des produits de marque déposée ou des médicaments génériques.
L’Inde et la Chine sont les premiers producteurs de médicaments contrefaits. A eux deux, ces pays fabriqueraient 75 % des médicaments contrefaits. En 2012, plus de 520 types de médicaments étaient falsifiés. Par ailleurs, on estime qu’un tiers des substances médicamenteuses seraient contrefaites dans certains pays d’Asie et d’Amérique latine, sans oublier les pays d’Afrique.
Un véritable trafic mondial
Malgré certaines opérations de ratissage dans des ports africains et d’importantes saisies (antipaludiques, antiparasitaires, contraceptifs, antibiotiques, etc.) menées conjointement par Interpol et par l’Organisation mondiale des douanes en 2013, les inspecteurs africains acceptent encore fréquemment des pots-de-vin en échange de l’autorisation requise pour l’importation de médicaments contrefaits. Quant aux organismes nationaux chargés de l’homologation des médicaments, ils ne sont bien souvent pas suffisamment formés ; en outre, une corruption galopante est à déplorer. L’OMS assiste les pays afin qu’ils acquièrent les compétences nécessaires pour l’homologation des médicaments, ainsi que pour leur fabrication, leur stockage et leur distribution sur le marché. Mais cela ne suffit pas. En Afrique, bon nombre de personnes vendent des médicaments sans être habilités, que ce soit sur les marchés, dans les rues, ou encore dans des kiosques.
Le combat de Dora Akunyili, au Nigéria
Pendant plus de huit ans, l’ancienne directrice de l’Agence nationale pour l’administration et le contrôle des produits alimentaires et pharmaceutiques, Dora Akunyili, a lancé une croisade contre la contrefaçon médicamenteuse au Nigéria. Cette mission lui tenait particulièrement à cœur, sa sœur ayant succombé à une dose d’insuline contrefaite. Dora Akunyili a limogé des fonctionnaires corrompus, lancé des opérations contre les secteurs des médicaments contrefaits, et dressé la liste noire de plus de 30 fabricants frauduleux. En 2001, les ventes de médicaments contrefaits représentaient 40 % de la totalité des ventes ; en 2005, elles étaient tombées à 16,7 %. Dora Akunyili a été victime de représailles, mais le combat continue.
Les populations africaines face à un problème de santé publique
Les contrefaçons médicamenteuses, outre le fait qu’elles ne soignent pas les pathologies, peuvent être toxiques, voire mortelles. En 1995, 2 500 personnes sont décédées au Niger après qu’un faux vaccin contre la méningite leur a été administré. En 2009, 84 enfants ont succombé à un sirop antitussif contenant de l’antigivre. Le fléau de la contrefaçon plane sur l’Afrique.
La contrefaçon de médicaments, particulièrement florissante sur le continent africain, n’épargne pas non plus les pays occidentaux, et Internet contribue à l’expansion de ce trafic. En effet, 62 % des médicaments achetés sur la toile seraient des contrefaçons. La crise est passée par là ! Car la cause est la même : le prix !
Pour beaucoup de consommateurs africains, les médicaments vendus dans les pharmacies agréées sont hors de prix. Ils doivent bien souvent se procurer leurs médicaments dans des points de vente non agréés, bien moins chers, et ce, à leurs risques et périls. En réduisant les taxes et les marges, le prix de vente pourrait être rabaissé et, de fait… plus abordable. Un bon moyen pour lutter contre ce fléau !
Un business qui n’est pas prêt de s’arrêter, un grave problème de santé publique.