Nelson Mandela, a marqué à jamais l’histoire de tout un continent. Il aura été une source d’inspiration et d’espoir pour des milliers d’africains et afro américains dans leur lutte pour la liberté et l’égalité. En décembre, il nous a quittés. Maintenant, place à la jeunesse africaine. Afin de savoir comment celle-ci imagine le futur du continent après Mandela, CNN a réalisé un sondage auprès de 9 000 jeunes africains dans dix-neuf pays africains (en paix). Il en ressort une jeunesse optimiste.
Deux tiers des répondants estiment être plus confiants en le futur et celui de leur famille qu’au moment où Mandela est arrivé au pouvoir.
De l’extérieur et dans les médias, l’Afrique est souvent représentée comme le continent de l’extrême pauvreté, de la famine, du SIDA. Ces éléments ne sont qu’une réalité parmi d’autres, plus positives. La jeunesse des pays interrogés ne voient pas cette face là comme le défi majeur. L’inquiétude numéro 1 est en effet la corruption. Les répondants estiment que leurs gouvernants font leur maximum pour améliorer la transparence mais que cela reste encore loin d’être un problème résolu. Il suffit de voir les affaires de biens mal acquis dans lesquelles sont impliqués Teodorin Obiang, fils du président de Guinée Equatoriale, et Karim Wade, fils de l’ancien président sénégalais, pour comprendre cette inquiétude.
La deuxième préoccupation est l’écart grandissant entre riches et pauvres. En effet, l’Afrique (comme tous les autres continents d’ailleurs) est un continent des extrêmes. Par exemple, le marché des voitures de luxe est en plein boom alors que les salaires moyens dans la majorité des pays restent sous les 100 dollars.
Un continent qui attire les convoitises
Le continent est vu par certaines grosses puissances, Chine en tête, comme un nouvel Eldorado. Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont atteint de 180 milliards USD en 2012. La Chine se positionne pour plusieurs raisons. D’abord, le continent est un énorme vivier de matières premières. Ensuite, c’est un marché en pleine croissance, déjà inondé par les produits bon marché proposés par ce même pays. Enfin, c’est un continent avec d’importantes surfaces de terres arables.
Cet attrait profite bien sûr à une partie de la population africaine, et la croissance génère des emplois et une meilleure qualité de vie dans le court terme pour certains. De nombreux investissements dans des infrastructures ont également été effectués. Reste à voir l’effet sur le long terme de cette exploitation intensive.
L’arrivée des nouvelles technologies
L’arrivée du téléphone portable a été une réelle révolution en Afrique. En l’an 2000 le continent comptait 16 millions de mobiles actifs contre 620 millions en 2012! La téléphonie mobile a permis au continent de montrer sa capacité à innover et à utiliser la technologie pour le bien du plus grand nombre. Ainsi, au Kenya M-PESA a permis l’accès aux services bancaires dans tout le pays grâce au téléphone portable.
Au Congo, un ingénieur de 25 ans a développé une tablette bon marché, la Way-C qui permettra peut-être de révolutionner l’éducation sur le continent.
Cette dernière reste en effet un des talons d’Achille du continent. Les écoles restent surpeuplées et les programmes souvent inadaptés aux compétences requises pour le 21ème siècle. Les chiffres sont sûrement meilleurs qu’à l’arrivée de Nelson Mandela, mais préoccupants pour l’avenir.
En même temps, cette lacune présente peut-être une opportunité unique pour la jeunesse optimiste interviewée dans ce sondage. Avec internet et des tablettes à bon prix, certains pays pourraient développer un système éducatif nouveau, une sorte d’école dans le Cloud telle que celle inventée par Sugathra Mitra en Inde, qui permettrait à une majorité d’enfants et d’adultes de se former à moindre coût.
Et l’environnement ?
La dégradation de l’environnement ne figure pas parmi le choix de préoccupations pour le futur. Celui-ci est pourtant un élément qui s’est considérablement dégradé depuis la libération de Mandela. L’exploitation grandissante et peu scrupuleuse des terres et des minerais, ainsi que la croissance démographique galopante constituent des risques majeurs pour l’avenir du continent. La faune et la flore terrestre et marine sont complètement négligées. Là encore le continent pourrait montrer l’exemple en prouvant qu’un développement vert moins agressif sur l’environnement est possible. Les enfants du continent commencent à lentement prendre conscience de cet enjeu vital pour le bien-être de la population. Espérons qu’ils inspireront leurs parents.
Vu le peu de personnes interrogés, et l’absence d’information sur la situation sociale et économique de celles-ci personnes, ce sondage ne peut être considéré comme représentatif de la majorité de l’opinion sur le continent. Il nous apprend pourtant quelque chose d’essentiel : demander l’opinion des premiers concernés et les connaître au lieu de se baser sur des préconceptions parfois mal informées. Ce sondage nous invite à regarder l’Afrique avec la porte ouverte plutôt que par le trou de serrure souvent offert par l’actualité.
Mandela a apporté le plus important à l’Afrique : l’honneur retrouvé. Il a su de plus construire sans céder à l’esprit de vengeance. Aujourd’hui l’Afrique est en croissance. Qu’elle n’oublie pas l’héritage du grand homme.
Le style y est, c’est sur! J’espere que vous n’en resterez pas à cet article!