AfricTivistes, les sentinelles de la démocratie

Auteur 22 novembre 2023 0
AfricTivistes, les sentinelles de la démocratie

Les 24 et 25 octobre s’est tenu à Dakar un séminaire sur l’information et la Démocratie organisé par AfricTivistes en partenariat avec le Forum on Information and Democracy ainsi que de nombreux acteurs clés locaux.

Depuis 2015, l’organisation panafricaine Africtivistes soutient de nombreuses initiatives citoyennes en Afrique. Elle œuvre à une démocratie participative, une politique de transparence, une bonne gouvernance. « Nous partageons des valeurs communes et c’est cela la force de notre réseau » expliquait Cheikh Fall, président de la Ligue des Blogueurs et cyber-activistes africains pour la Démocratie, AfricTivistes, dans une interview à Civicus. 

Africtivistes compte plus de 200 jeunes journalistes, blogueurs et activistes de plus de 40 pays africains et de la diaspora (dont Haïti). Leur objectif citoyen s’appuie sur les technologies de l’information et de la communication. « Aujourd’hui, le digital est devenu un outil d’engagement citoyen, un outil de sensibilisation, d’éveil de conscience, d’implication, d’interpellation, de suivi, de veille et de monitoring » constate Cheick.

La création de cette organisation est née d’un constat. Les crises en Afrique surviennent très souvent autour des périodes électorales. Par exemple, plus de 1000 personnes ont été tuées et 600’000 déplacées en 2007 durant la crise post-électorale en République Centrafricaine. Il y a eu 3’248 morts en Côte d’Ivoire en 2010 durant la crise post-électorale, ou encore plus de 800 morts dans le nord du Nigeria après l’élection présidentielle de 2011. 

Eviter la violence en période électorale

Ainsi le processus électoral est souvent émaillé de violences et de dysfonctionnements des institutions électorales, qui menacent la paix. Selon Cheikh Fall, « Les deux principales causes sous-jacentes à ces entraves à la démocratie sont l’absence d’une volonté politique réelle d’organiser des élections démocratiques et crédibles, et la faible éducation civique et électorale des populations. » Or le manque d’accès à une information fiable contribue largement à attiser les tensions. 

Or, depuis le développement massif d’internet sur le continent, les citoyens africains disposent d’une nouvelle arme. Dans les années 2000 sont nés les premiers espaces publics d’information sur la toile, avec des forums de discussion, des messageries sécurisées, qui ont permis au citoyen africain de s’impliquer davantage dans la vie politique. Ainsi, en 2010, la Côte d’Ivoire s’est appuyée sur la mobilisation de sa jeunesse connectée dans son processus de reconstruction de la paix. 

La création d’Africtivistes s’est faite dans la continuité d’initiatives précédentes. Par exemple, en 2007, de jeunes Kenyans ont créé Ushahidi, une appli qui permettait aux habitants des zones de conflits de reporter et de consulter les « endroits dangereux ». Depuis l’application est utilisée partout dans le monde. En 2020, les jeunes Ivoiriens ont lancé #CIV2010 et #CIVSOCIAL, qui correspondaient à deux initiatives citoyennes pour faire face à la crise post-électorale. En 2012, des blogueurs sénégalais ont créé un nouveau système numérique de suivi et d’observation, #SUNU2012, pour couvrir le processus électoral, empêchant ainsi la fraude.

Fédérer les nombreuses initiatives citoyennes en Afrique

Aujourd’hui le réseau Africtivistes permet à ces artisans de la démocratie de se rencontrer physiquement. La première action réussie d’Africtivistes fut la campagne #FreeMakaila qui a permis au journaliste tchadien Makaila Nguebla d’être extradé du Sénégal vers le Tchad, puis finalement vers la Guinée où il a été accueilli par la communauté avant de bénéficier de l’asile politique en France. Il a d’ailleurs été autorisé à assister au premier sommet Africtivistes en 2015 à Dakar. 

La ligue a aussi travaillé avec succès en Gambie, où les organisations de la société civile, les journalistes et les activistes gambiens ont collaboré pendant plus d’une année avant l’élection présidentielle de 2016 pour informer, collecter des données etc. Africtivistes a ensuite formé plusieurs journalistes et activistes gambiens sur la lutte contre la censure numérique, entre autres.

A ce jour, Africtivistes vient de lancer CitizenLab Bénin, afin de promouvoir l’engagement citoyen et de renforcer les capacités des citoyens béninois en matière de démocratie participative. Ce projet s’inscrit dans le cadre de Africtivistes CitizenLab, une fabrique citoyenne qui accompagne, forme et outille les acteurs de la société civile.

Photo: pressafrik.com/

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