Makhalba Malecheck, de son vrai nom Elion-Nkou Serge-Junior, est devenu l’un des visages les plus marquants du rap congolais. Originaire de Brazzaville, il a su tracer son chemin loin des majors, porté par une détermination farouche, un style unique mêlant rap, rumba congolaise et rythmes afro-urbains, et un discours profondément enraciné dans la réalité sociale de son pays.
Sa carrière débute au Maroc en 2009, avant de véritablement prendre son envol au Congo dès 2010. En 2014, il sort Bible Fétiche, un album autoproduit qui fait l’effet d’une bombe sur la scène locale. Le succès est immédiat : le single « Rap A Pomba » le propulse sur de grandes scènes comme le FESPAM. En quelques mois, Makhalba devient une figure incontournable du hip-hop congolais, cumulant les prix et les invitations aux festivals majeurs du continent.
Mais c’est surtout son indépendance qui force le respect. Refusant les standards imposés par les grandes maisons de disques, il fonde son propre studio, Boost Da Music, et construit une économie musicale en circuit court. Ses albums se vendent à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires au Congo, un exploit dans un marché souvent miné par le piratage. Son clip « Na Tolo » dépasse le million de vues sur YouTube, preuve d’une audience fidèle et engagée, tant en Afrique qu’au sein de la diaspora.
Un artiste engagé, entre terrain humanitaire et controverses
Makhalba ne se contente pas de faire de la musique. Très impliqué dans des actions humanitaires, il a lancé plusieurs campagnes de sensibilisation auprès des jeunes sur des sujets comme la toxicomanie, la scolarisation ou encore la prévention des infections sexuellement transmissibles. Il intervient régulièrement dans les écoles et les quartiers populaires pour prôner la persévérance, la culture et le respect. En 2020, il organise une collecte de fonds pour venir en aide aux familles touchées par les inondations à Brazzaville.
Cependant, son parcours n’a pas été exempt de critiques. Certains détracteurs lui reprochent un discours parfois trop moralisateur ou un style musical trop hybride, oscillant entre rap pur et musique populaire. Des tensions ont aussi émergé avec d’autres artistes de la scène locale, notamment autour de ses prises de position sur l’industrie musicale congolaise. Malgré cela, Makhalba reste, selon certains, « droit dans ses bottes, préférant la sincérité à la complaisance ».
Un impact économique notable sur le marché musical africain
Aujourd’hui, avec 11 prix remportés, plusieurs collaborations avec des marques internationales, et une reconnaissance médiatique croissante, Makhalba Malecheck est bien plus qu’un simple rappeur : il est un symbole de réussite, de résilience et d’indépendance artistique. Son parcours inspire toute une génération d’artistes africains à croire en leurs rêves, sans jamais trahir leurs valeurs.
Son influence dépasse les frontières, et il est régulièrement invité à partager son expérience, notamment lors de l’émission « Légendes Urbaines » sur France 24, où il revient sur son parcours et ses engagements sociaux.
Photos : youtube