MLouma uberise l’agriculture sénégalaise

Auteur 16 mars 2016 0
MLouma uberise l’agriculture sénégalaise

Créée il y a trois ans, la plateforme MLouma connaît un succès exponentiel. Son secret : apporter les opportunités de la vente directe sur Internet jusque dans les exploitations agricoles les moins connectées.

MLouma, c‘est en quelque sorte une plateforme de e-commerce pour agriculteurs. Son but est de répondre à un besoin criant d’informations des paysans sénégalais, souvent peu éduqués, et victimes d’un environnement économique de plus en plus globalisé qu’ils ne maîtrisent pas toujours.

Pour cela, son fondateur, Aboubacar Sonko, lui-même fils de paysans, a imaginé une plate-forme originale, un site hybride entre le bon coin et une Bourse aux matières premières.

En accédant à MLouma, les producteurs peuvent se renseigner en temps réel sur les prix du marché de chaque denrée et ainsi vendre au meilleur prix.

Mais MLouma fonctionne aussi comme une plate-forme de e-commerce pour produits agricoles. Les producteurs ou les entreprises agroalimentaires peuvent y mettre en vente leurs produits et les acheteurs potentiels y faire leurs commandes.

Un projet social

MLouma est une entreprise sociale. C’est à dire que son objectif premier n’est pas le profit mais bel et bien de rendre meilleures les conditions de vie des exploitants agricoles du Sénégal.

mloumaComme souvent dans l’économie collaborative, l’innovation de MLouma repose sur la disparition des intermédiaires en faisant directement le lien entre les grandes villes et les agriculteurs des campagnes. Une sorte d’ « uberisation de l’agriculture ». Une aubaine pour les acheteurs qui peuvent diminuer leurs coûts, mais aussi pour les petits producteurs qui sont mieux informés des cours réels de leurs denrées et peuvent vendre au juste prix. Mais le projet ne s’arrête pas là.

Au delà de l’aspect économique, le but est de créer une véritable communauté réunissant les acteurs de l’agroalimentaire sénégalais, et de générer et diffuser un ensemble de bonnes pratiques.

MLouma fait le pari du SMS

Mais ce qui a fait la force de MLouma, c’est surtout son accessibilité. Conscient que les agriculteurs étaient loin d’être tous connectés à la 3G, ou bien peu habitués aux nouvelles technologies, Aboubacar Sonko a rendu accessible son service à la fois sur Internet (Web et application mobile), par SMS et par téléphone, via un call center qui centralise les offres, les demandes et informe en temps réel sur le cours de chaque denrée.

Et le pari est réussi. Depuis qu’il est sorti du tout Internet et qu’il a introduit un système USSD (système de commande par SMS), le succès de MLouma est exponentiel. La start-up est passée de 500 à 20.000 utilisateurs en moins d’un mois. Son partenaire pour cette transition, c’est le réseau Orange, qui permet à ses utilisateurs d’accéder à MLouma sans smartphone, en tapant le #112#.

MLouma vise toujours plus haut

Mais malgré ce succès, Aboubacar Sonko ne compte pas s’arrêter là. De plus de 1.000 interactions par jour, il voudrait passer à 100.000. Pour cela, il voudrait sortir du milieu fermé des acteurs de l’agroalimentaire et s’adresser au grand public. Pour se développer, il mise aussi sur la diversification son offre, et voudrait notamment s’ouvrir aux secteurs de la pêche et de l’élevage. Enfin, il voudrait aussi se développer géographiquement. Pour le moment réservé aux zones de Saint Louis et Dakar, le service de MLouma devrait s’étendre à l’ensemble du Sénégal.

Qui plus est, la start-up a un gros potentiel et surtout l’appui et la reconnaissance de grands noms de la startuposphère. Figurant parmi les dix finalistes du concours de l’entrepreneur social en Afrique organisé par son nouveau partenaire Orange, MLouma s’est distingué lors du programme lancé par l’accélérateur Buntu Teki. La start-up a remporté le concours mAgri organisé par la Banque mondiale, et a été retenue par Demo Africa et le forum des innovations pour le développement en Afrique. Maintenant que la graine a germé, on devrait encore beaucoup entendre parler de MLouma dans l’avenir.

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