La Chine, une grande puissance commerciale, investit lourdement en Ethiopie, en ayant toutes les bonnes raisons de le faire.
L’Ethiopie est un pays d’environ 90 millions d’habitants qui couvre neuf fois moins de territoire que la Chine mais contient des ressources minérales indispensables a ce monstre manufacturier. D’après certains experts, dont Richard Pankhurst, les échanges entre ces deux pays pourraient dater d’au moins 1400 ans et n’auraient jamais vraiment cessé. La nature des échanges a bien évidemment évolué. D’animaux exotiques et de bijoux, les chinois importent aujourd’hui surtout des minéraux et du cuir.
La Chine a deux intérêts principaux en Ethiopie : l’importation de ressources indispensables à leur industrie gigantesque et l’exportation de produits manufacturés en Chine vers ce pays. Si l’on regarde les chiffres, il semble que la Chine y gagne largement. En effet, quand la Chine importa des biens d’une valeur de 130 millions de dollars d’Ethiopie, celle-ci a importé plus de 460 millions de dollars en 2006. Ces chiffres n’ont cessé d’augmenter depuis.
Chine- Ethiopie : 20 fois plus d’échanges commerciaux qu’en 2000
En 2010, Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Ethiopie ont atteint 1,376 milliard de dollars US, soit 20 fois plus que le niveau des échanges commerciaux qu’en 2000. Le ministre chinois du Commerce, Chen Deming, lors d’une cérémonie en Éthiopie, a mentionné que: « La Chine est prête à accroître son assistance et à augmenter ses prêts préférentiels pour promouvoir la coopération dans le domaine du transport, de l’électricité, des télécoms et à aider l’Éthiopie à améliorer son économie ». De manière plus spécifique, le ministre a affirmé que la Chine envisage de faire passer le volume des échanges avec l’Éthiopie à 3 milliards de dollars US à l’horizon 2015. (1)
L’Éthiopie est devenue l’un des tout premiers pays à bénéficier du plan d’action chinois, dans lequel Pékin a identifié huit secteurs-clé qui feront partie de l’opération d’aide globale mise sur pied par ce pays à l’intention du continent africain. Les secteurs visés incluent l’agriculture, l’énergie propre, la santé, l’allégement de la dette et l’accroissement de l’investissement à travers l’Afrique (2).
Un manque d’intégration des Chinois en Ethiopie
L’une des critiques principales des locaux africains est le manque d’intégration des Chinois dans la vie locale. En effet, même s’il y a plus d’un million de chinois en Afrique travaillant pour des compagnies chinoises comme Road and Bridge Corporation, ces travailleurs habitent tous dans des compounds, se nourrissent de plats chinois importés de Chine, se font soigner par un docteur chinois et ne sortent uniquement que pour travailler (3). Apres les évènements de 2007 sur une plateforme d’exploration pétrolière dans l’est du pays et la mort de neuf Chinois(4), il est logique qu’une certaine crainte se soit installée dans la communauté asiatique et que le gouvernement juge préférable de les garder sous protection. De plus, les manifestations antichinoises en Zambie, ne réconfortent pas cette population qui ne parle ni le langage, ni connait la culture du pays. Mais n’est-ce pas cette exclusion voulue qui crée ces sentiments de rejets de la part des locaux?
La collaboration des Chinois et des Ethiopiens a tout de même été bénéfique, considérant l’amélioration des infrastructures, des services de santé et des opportunités d’emplois pour les locaux. Un gros transfert de connaissance et de technologie se produit sans parler de l’équipement moderne importé pour permettre une production plus efficace.
Malgré les critiques et les mentions de « colonisation moderne », les investissements venus de Chine, pour un pays peu développé comme l’Ethiopie, ne peuvent être que bénéfiques sur le long terme.