Née d’un partenariat entre le Maroc et la Chine signé en 2016 à Pékin lors d’une visite du roi Mohammed VI, la cité intelligente Mohammed VI Tanger Tech se situera à 9 km à l’est de la ville nouvelle d’Ibn Battûta, au sud de Tanger. Cette cité devrait accueillir des industries chinoises pour la production de biens à destination de la population chinoise, mais avec une main d’œuvre marocaine.
En juillet dernier se tenait à Rabat une réunion visant à faire le point sur l’avancement du projet de création de la ville nouvelle « Cité Mohammed VI Tanger Tech ». A l’occasion de cette réunion, le chef du gouvernement Saâd Eddine El Othmani a souligné l’aspect résolument innovant de ce projet, le premier du genre au Maroc. La cité devrait s’étaler sur une superficie de 2.000 hectares et disposer de toutes les infrastructures et installations nécessaires pour attirer les investisseurs étrangers et inciter les grandes entreprises à s’installer dans le Royaume.
Faire taire les doutes
De son côté, la BMCE Bank of Africa (Banque marocaine du commerce extérieure), partenaire du projet, par la voix de son président Othmane Benjelloun, a tenu à rassurer sur sa viabilité lors d’une conférence de presse qui se tenait à Casablanca le 27 juillet dernier. En effet, certaines voix avaient émis des doutes quant à la faisabilité de ce projet.
C’est le groupe chinois Haite qui assurera la construction de la future cité. Le groupe, leader dans le secteur aéronautique en Chine, opère également dans d’autres secteurs comme l’industrie, la promotion immobilière, les microélectroniques et les nouvelles énergies. La cité devrait accueillir d’ici dix ans près de 200 usines chinoises, ce qui en fera la plus grande plate-forme industrielle chinoise sur le continent africain.
Les travaux de construction ont été lancés officiellement le 20 mars dernier en présence du roi Mohammed VI. La région Tanger-Tétouan est également partenaire du projet.
L’investissement initial est estimé à un milliard de dollars et devrait permettre de générer des investissements de dix milliards de dollars et la création de 100.000 emplois. Les travaux devraient démarrer avant la fin de l’année 2017, et s’étaler sur une dizaine d’années. La future cité intégrera les aspects relatifs à l’écologie, l’habitabilité, et l’innovation technologique selon le concept en vogue de « smart city » ou ville intelligente selon les standards et l’expertise chinoise.
Un hub économique vers l’Afrique
Ce projet de la Cité Mohammed VI s’inscrit dans une volonté politique de faire de Tanger le hub économique vers les pays africains. C’est d’ailleurs ce qui a déterminé le choix de Tanger par le groupe Haité. La ville bénéficie en effet d’une position stratégique à la croisée des continents africain, européen et asiatique. Elle jouit en outre d’infrastructures adaptées aux besoins des industries tournées vers l’export, notamment avec son port Tanger Med.
Tanger dispose d’une zone franche où sont installées des milliers d’unités de sous-traitance. Qui plus est, la ville sera reliée d’ici 2018 à la capitale économique du pays, Casablanca, par la première ligne à grande vitesse d’Afrique. Tanger a ainsi déjà séduit de nombreuses entreprises internationales parmi lesquelles les automobiles Renault ou encore l’avionneur canadien Bombardier.
Le Maroc deuxième bénéficiaire des investissements chinois
Ce projet confirme également la volonté politique du Maroc de renforcer son partenariat avec la Chine, pour qui le coût de la main d’œuvre marocaine est attractif avec un salaire mensuel moyen de 300 dollars contre 500 dollars en Chine. Par ailleurs, la Chine est le pays qui a le plus investi sur le continent africain en 2016, avec 36 milliards de dollars, selon le journal économique américain Quartz. Le Maroc se positionne en deuxième bénéficiaires de ces investissements avec 81 projets chinois accueillis, derrière l’Afrique du Sud qui en comptait 139.
Lors d’une visite officielle du roi Mohammed VI en Chine en mai 2016, quinze conventions ont été signées entre des groupes marocains et chinois, conventions visant à renforcer la coopération bilatérale dans les secteurs à fort potentiel de création d’emploi comme l’automobile, le textile ou encore l’aéronautique, les trois piliers du Plan d’accélération industrielle du ministre de l’industrie Moulay Hafid Elalamy. Selon la Banque mondiale, la Chine va devoir sous-traiter 85 millions d’emplois sur la décennie, et le Maroc a bien l’intention d’en profiter.