Un centre de conférences international, des hôtels de luxe, un nouveau quartier d’affaires, un port remanié accompagné d’une marina, le tout cerné d’espaces verts et largement ouvert au tourisme : tel est le visage que souhaite se donner Djibouti au cours de la prochaine décennie.
« Un nouveau futur pour Djibouti »
Le plan d’urbanisme présenté en 2016 par le président Ismaïl Omar Guelleh ne laisse aucun doute quant à ses ambitions : faire de Djibouti un centre incontournable du tourisme et des affaires, tout en accentuant son rôle tant régional qu’international. S’articulant sur plusieurs phases, le nouveau plan devrait dans un premier temps revitaliser la façade maritime de la ville, par la construction de complexes hôteliers, d’immeubles de résidence, de gratte-ciels et d’un gigantesque centre de conférences. L’aménagement d’une marina, capable d’accueillir les croisiéristes, marquerait la suite du projet, pendant que l’offre hôtelière de la ville serait étoffée.
Enfin, les étapes suivantes se concentreraient sur l’édification d’un immense quartier d’affaires ainsi que sur la création d’une vaste zone résidentielle. Si le projet se trouve mené à bien, Djibouti pourrait à terme prendre des airs de Dubaï d’Afrique de l’Est, devenant un haut lieu du tourisme de luxe, des affaires et du commerce international.
Des moyens à la hauteur des ambitions
Loin d’être chimérique, ce plan d’urbanisme, pour ambitieux qu’il soit, illustre le dynamisme économique de ce petit pays qui bénéficie d’investissements étrangers considérables. Ce territoire de 25.000 km², placé tout à l’est de la Corne de l’Afrique, se situe sur l’une des principales routes commerciales maritimes du monde et constitue un lieu d’échanges privilégié entre l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Europe et l’Asie. Chaque année, 21.000 tankers et porte-containers empruntent l’itinéraire séparant le golfe d’Aden de la mer Rouge, Djibouti constituant le point de passage incontournable entre ces deux espaces.
L’aménagement de nouveaux terminaux maritimes, l’un dédié aux pétroliers en 2005, l’autre, achevé en 2009 et destiné à accueillir les porte-containers, a libéré un espace considérable dans le centre-ville, ouvrant la voie à la réalisation d’un nouveau schéma directeur urbain à même de modifier profondément le visage de la ville.
Haut lieu stratégique
Certes, le port de Djibouti a toujours constitué, de par sa situation, un lieu stratégique et prospère. Par son rôle régional, tout d’abord : porte vers l’Afrique de l’Est, ses infrastructures tant routières que ferroviaires servent de support au commerce florissant avec l’Éthiopie voisine, privée de débouché maritime. A tel point que c’est par le port de Djibouti que transitent 80 % des exportations et importations éthiopiennes.
Le développement ou l’amélioration de nouvelles infrastructures permettra en outre d’étendre les échanges avec les pays se situant au-delà de l’Éthiopie. L’emplacement de Djibouti n’est pas sans intéresser non plus les militaires, qui y ont établi plusieurs bases. Français, Américains, Japonais, Italiens et Chinois y possèdent leurs forces armées, versant chacun en moyenne une trentaine de millions d’euros par an de loyer, assurant ainsi une rente confortable à l’économie locale.
Malgré une situation politique verrouillée et une misère sociale qui perdure, Djibouti constitue un îlot de stabilité dans une région tourmentée, tout en bénéficiant d’une prospérité économique certaine : depuis 15 ans, la croissance se situe aux alentours de 5,5 % par an, et ne devrait cesser d’être soutenue par l’arrivée de nouveaux projets.
Sur la nouvelle Route de la Soie
Rien ne s’oppose donc à la réalisation du schéma directeur présenté par le président Guelleh, qui devrait transformer radicalement ce pays d’à peine plus d’un million d’habitants. Le secteur du tourisme ne demande qu’à s’y développer, Djibouti possédant de nombreux atouts tant naturels qu’architecturaux.
Mais c’est surtout sur le plan économique que la république devrait connaître un véritable boom, appuyée par la participation active de l’empire du Milieu. Situé sur la nouvelle Route de la soie, Djibouti a bénéficié, sur la période 2008-2018, d’un investissement de 15 milliards de dollars de la part des banques chinoises. Destiné à améliorer ses infrastructures portuaires, cet apport financier devrait permettre au pays de voir transiter 100 millions de tonnes de marchandises par an.
Cet afflux de capitaux permettra sans conteste au président Ismaïl Omar Guelleh de concrétiser ses projets, faisant ainsi de Djibouti un « Singapour de l’Afrique de l’Est ».