Les pays d’Afrique signent l’accord historique du ZLEC

Auteur 6 novembre 2019 0
Les pays d’Afrique signent l’accord historique du ZLEC

Début juillet 2019, 54 des 55 états africains (à l’exception de l’Erythrée qui devrait bientôt suivre) ont signé l’accord pour la mise en application de la zone de libre-échange continentale (ZLEC ou ZLECAF) à partir de 2020. Cela faisait quatre ans que les gouvernements négociaient pour parvenir à cet accord. Ce dernier signe un nouveau tournant dans l’histoire des relations économiques et politiques des pays africains, cinquante-six ans après la création de l’Union africaine.

Plus grand marché commun au monde

La ZLEC, qui sera opérationnelle en 2020, englobera plus d’1,2 milliards de personnes, ce qui fera d’elle le plus grand marché commun au monde. Plus de commerce entre pays africains en réduisant les tarifs douaniers, plus grande liberté de circulation des Africains… tous ses objectifs ont la volonté de remettre en question l’ordre économique mondial actuel. D’ailleurs, selon les prévisions, l’accord signé fera augmenter dès 2022 de 60 % le commerce intra-africain. 

Quelques outils de départ vont vite être développés afin d’encadrer le lancement du marché commun. Ainsi sont prévus un forum de négociations en ligne, un système de paiement numérique, un processus de suivi de l’élimination des barrières non-tarifaires et un observatoire du commerce en Afrique. La réduction des tarifs douaniers est clairement l’objectif principal de cet accord mais il y a encore du travail à effectuer afin de parvenir à une ZLEC qui convienne à tout le monde. 

Car les discours enthousiastes qui ont succédé à l’annonce de l’accord vont précéder des périodes difficiles de mise en place de solutions coordonnées. Certains spécialistes estiment qu’il faudra au moins dix ans avant que la ZLEC ne donne des résultats intéressants. D’autant plus que les premiers accords de libre-échange qui avaient été signé ces dernières années à l’échelle territoriale (le CEDEAO en Afrique de l’Ouest par exemple) n’ont pas forcément servi à doper les échanges entre les économies concernées.

De nombreuses questions soulevées par l’accord

Malgré la signature de l’accord, il existe toujours aujourd’hui des points d’achoppement dans la mise en place du calendrier de la baisse des tarifs douaniers. En effet il est impératif que les douanes de certains pays allègent leurs procédures de passage en simplifiant des démarches qui font perdre beaucoup de temps et d’argent ! 

La ZLEC va aussi se heurter plusieurs problèmes qui paraissent aujourd’hui être de grands freins au développement d’une zone de libre-échange. En effet il existe de nombreuses tensions géopolitiques entre pays voisins (Maroc et Algérie ont par exemple fermé leur frontière commune). Il y a également la montée du terrorisme et des groupes dangereux dans le Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso…) ou encore l’état des voies de communication internes qui sont le plus souvent vétustes, délabrées ou inexistantes. 

Héritée de la période coloniale, l’économie africaine est naturellement tournée vers la mer et les airs pour exporter ses produits en direction de l’Europe, de l’Amérique du Nord ou de la Chine. Les canaux de communication internes sont clairement défectueux, sans compter la corruption des douaniers ou des policiers qui sévit le long des routes ou à proximité des frontières. En 2017, la part des exportations africaines à destination de l’Afrique était de 16 % contre 68 % en Europe ou 55 % en Amérique. Aujourd’hui, il est ainsi plus simple pour la Côte d’Ivoire d’importer de l’oignon des Pays-Bas plutôt que du Niger. Autre exemple symptomatique : un conteneur qui arrive de Chine par la voie maritime coûte moins cher que par la voie terrestre entre deux pays africains voisins. 

Le chantier est immense

La question de l’inégalité de ressources et de développement n’est pas encore réglée non plus. Ainsi il existe au sein de l’Afrique, seize pays qui n’ont aucun accès maritime et ils sont forcément désavantagés par rapport aux pays côtiers. Quelques jours après la signature de cet accord historique en Afrique, le chantier est donc immense. Et si l’accord porte de nombreux espoirs, il soulève également de nombreuses questions qui seront délicates à résoudre et qui nécessiteront beaucoup de temps et de moyens.

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