Après 5 années de gestation, le groupe Dangote a ouvert sa première usine de transformation de tomates le 15 mars dernier près de Kano, la grande ville du nord du Nigéria. Objectif : enrayer l’importation et de doper l’agriculture.
Lui-même originaire de cette région très pauvre, Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique, a investi de sa poche quelque 20 millions de dollars, soit 18,4 millions d’euros, dans l’ambitieux projet qui va employer 120 personnes. Une installation de la taille de 10 terrains de football, bâtie à proximité de champs irrigués sur pas moins de 17.000 hectares, qui en appelle d’autres. Le groupe envisage, selon son directeur général d’ouvrir une seconde usine en réaffectant un ancien site de production de concentré de tomate dans l’état voisin de Kaduna.
Une énorme demande intérieure
L’usine Dangote a prévu de produire 430.000 tonnes par an de concentré de tomates, un condiment servant de base à de nombreux plats traditionnels nigérians, comme le « riz jollof » ou les soupes composées de viande ou de poisson séché. « Des entreprises locales de conditionnement de concentré de tomates nous ont déjà passé commande, et nous allons devoir travailler dur pour honorer ces commandes », s’est exprimé Abdulkarim Kaita, son directeur général. « Le Nigeria est un marché énorme pour le concentré de tomates, c’est un sacré défi de tenter de répondre à la demande. Nous sommes prêts à lancer les opérations, nous attendons juste les tomates, qui sont en train de pousser dans les champs », a-t-il ajouté.
Première puissance pétrolière d’Afrique, le Nigéria dispose de nombreuses ressources naturelles souvent inexploitées, par manque d’infrastructures. Le pays est fortement dépendant à l’importation, même pour des produits de base, comme le concentré de tomates. La demande actuelle de ce condiment dans le pays est de 900.000 tonnes par an, selon les chiffres du ministère de l’Agriculture. A la tête du groupe Dangote, présent dans l’immobilier, la logistique, le ciment, et l’agro-alimentaire, le milliardaire Aliko Dangote veut enrayer cette dépendance, en visant également à réduire le chômage des jeunes, l’autre problème endémique de cette région pauvre du nord du pays, où Boko Haram sévit depuis des années.
« Avant les tomates pourrissaient »
Le Nigeria produit par an approximativement 1.5 million de tonnes de tomates, ce qui en fait le quatorzième producteur mondial, et le second producteur en Afrique. Mais par manque d’usines de transformation, le pays est obligé d’importer son concentré de tomates, de Chine principalement. La moitié de la production nigériane de tomates pourrit à cause d’une capacité de stockage limitée et de points de vente difficilement accessibles, selon la Banque centrale du Nigeria. D’ailleurs l’institution bancaire va apporter son assistance technique au projet en consentant des prêts aux fermiers, pour permettre l’achat de graines et d’engrais. L’usine doit ensuite acheter aux fermiers leurs tomates à des prix compétitifs, a confirmé Monsieur Kaita.
Pour les fermiers nigérians, les perspectives qu’offre l’usine Dangote sont plus que bienvenues. « Nous constatons des pertes énormes sur les récoltes qui pourrissent faute de marché pour nos tomates, mais désormais avec cette nouvelle usine, nous tenons un marché à proximité» s’est enthousiasmé Yusuf Ado Kadawa, un représentant des fermiers locaux. Le responsable de la production de l’usine, Ashwin Patil, explique le fonctionnement : « Une fois qu’on sera prêt pour la production, l’usine va fournir du travail aux fermiers, tout comme aux usines chargées de mettre en boîte le concentré de tomate, aux marchands locaux, aux transporteurs et à d’autres acteurs de la chaîne de production de la tomate au Nigéria ».
Sortir de la dépendance au pétrole
L’actuel président Muhammadu Buhari souhaite diversifier l’économie du pays, trop dépendante des cours de l’or noir, dont la chute a fait fondre les recettes de l’Etat. L’agriculture ne représente que 30% des emplois de ce pays de 170 millions d’habitants, le plus peuplé d’Afrique, essentiellement une culture de subsistance, mais elle pourrait devenir « le nouveau pétrole » du pays, selon l’ancien ministre de l’Agriculture. L’usine de Dangote s’engage à se fournir auprès de 50.000 fermiers locaux, mais elle va devoir faire face à des défis de taille, car les générateurs d’électricité utilisés font considérablement grimper les coûts de production face aux importations chinoises bon marché et encore assez peu contrôlées.
Je suis très ravi de cette exploitation de transformation de tomate .
J’ aurais souhaité savoir si cette grande usine importe aussi ces produits de la sous region ( Côte d’Ivoire , Guinée ……. )
Si oui , quelles sont les conditions ?.
Les contacts commerciaux .