iHub, symbole de l’explosion technologique kényane

Auteur 16 août 2016 0
iHub, symbole de l’explosion technologique kényane

Situé en plein cœur de la grouillante capitale kényane, le iHub[i] est un havre de tranquillité où se retrouvent tous les entrepreneurs, investisseurs et geeks que compte la ville aux trois millions d’habitants. En perpétuelle croissance, le hub technologique le plus florissant de toute l’Afrique héberge plus de 170 startups et attire chaque jour de nouveaux membres dans ses locaux hypermodernes du Bishop Magua Centre. 28 entreprises y ont vu le jour et une vingtaine d’évènements, parfois internationaux, y sont organisés tous les mois.

Une communauté née du chaos

La recette de ce succès tient à la volonté d’un homme, Erik Hersman. Ce tout juste quadragénaire, élevé au Soudan et au Kenya, est un blogueur et un spécialiste internationalement reconnu dans le secteur des technologies. Ce passionné a su fédérer tous les acteurs de l’innovation au sein d’un projet fou : créer une pépinière de talents high tech, dans un pays où 23 % de la population vit avec moins d’un dollar par jour.

Paradoxalement, c’est la situation politique chaotique de la fin des années 2000 qui aura initié cette communauté de geeks talentueux. Réagissant face aux graves troubles de 2007 (dont le bilan s’élève à 1500 morts et 300.000 déplacés) un groupe de développeurs crée alors le logiciel Ushahidi[ii] servant à répertorier et à cartographier les violences. Forts de cette réussite (le logiciel open source est utilisé depuis dans tous les lieux sensibles) ses créateurs[iii], lassés de se retrouver dans des cafés, décident de monter leur propre espace de co-working en 2010. iHub était né.

Le Kenya, nouvelle puissance technologique

Le projet a dès le début été soutenu par un gouvernement bien décidé à placer le Kenya en tête des pays africains innovants. Un câble sous-marin a été inauguré en 2009 permettant à la population d’accéder au très haut débit à un coût réduit. Parallèlement, les dirigeants ont entériné la création de la « Silicon Savannah », projet destiné à doper la créativité, la création d’entreprises, la formation et l’accessibilité aux nouvelles technologies.

Profitant de cette dynamique, Erik Hersman a trouvé un terreau fertile à la concrétisation de son initiative. D’autres bonnes fées se sont penchées sur le berceau ; le fondateur d’eBay, Pierre Omidyar, a ainsi apporté plusieurs millions de dollars au projet. La création et la réussite du iHub s’inscrit dans une volonté très nette des états africains de s’imposer comme acteurs majeurs de l’IT : le Cameroun, le Sénégal, le Ghana ou encore Madagascar comptent parmi les pays les plus dynamiques dans ce secteur.

Vitrine de l’innovation africaine

Sur le continent africain, ce sont les entreprises kényanes qui attirent le plus les investisseurs. Ainsi près de 5 millions de dollars ont d’ores et déjà été injectés dans des startups innovantes. Les conditions mises en place par le iHub ne sont pas étrangères à cet afflux de capitaux. Les entrepreneurs y trouvent infrastructure, formation, incubateurs, et échangent régulièrement avec les leaders du secteur IT, créant un bouillonnant esprit d’émulation.

Les grandes réussites à mettre au crédit du iHub se comptent depuis par dizaines. Parmi elles une galerie d’art en ligne qui a fait éclore des talents en devenir, ou encore une application permettant d’optimiser les cultures agricoles et de mettre en relation producteurs et acquéreurs. Des innovations qui ont, pour certaines, profondément impacté le mode de vie des Kényans. En parallèle, des manifestations de portée continentale, telle que la Pivot East, qui regroupe chaque année les entreprises spécialisées en téléphonie mobile, ou des hackatons, qui permettent de faire émerger les compétences des membres du hub.

Un futur ambitieux

Apres six années d’existence, le pari lancé par Erik Hersman est largement remporté. Mais le challenge ne s’arrête pas là, la prochaine étape consiste à faire évoluer le modèle économique du hub afin de consolider les services proposés. Si 70 % du budget annuel parvient à être autofinancé, le reste est encore tributaire de partenaires extérieurs à l’écosystème de l’organisation. Le but fixé par son fondateur est donc, pour ces prochaines années, de parvenir à une indépendance financière totale. Ce qui constituerait le meilleur moyen, selon Erik Hersman, d’accomplir au mieux la mission qu’il s’est fixée : permettre à des vocations de s’épanouir dans une Afrique de plus en plus synonyme d’innovation.

 

[i] http://ihub.co.ke/
[ii] Signifiant « témoignage » en Swahili.
[iii] Erik Hersman, accompagné de la bloggeuse Juliana Rotich, du programmeur David Kobia et de l’activiste Ory Okolloh.

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