Les magnifiques paysages kenyans n’échappent pas à la plaie environnementale que constituent les déchets plastique, et en particulier les innombrables sacs qui envahissent villes, champs et océans. Par ailleurs, le Kenya souffre d’un grave problème de déforestation, et le cèdre rouge qui servait massivement de matériau de construction est aujourd’hui une espèce menacée. Avec EcoPost, la jeune entrepreneuse Lorna Rutto apporte une double solution à ce désastre écologique. En recyclant les sacs en plastique pour en faire des poteaux de construction, elle lutte contre la pollution tout en proposant une alternative à l’usage du bois.
Lorna Rutto a grandi dans les bas quartiers de Kaptembwa (Kenya) dans un environnement fait de pauvreté, de chômage et d’égouts envahissant les maisons. Dès son plus jeune âge, la petite fille est dérangée par les déchets en plastique. A l’époque déjà elle les récupère et les fond pour en faire des boucles d’oreille pour ses copines d’école. « Ce n’était pas tellement les boucles d’oreille qui m’intéressaient. Je voulais juste me débarrasser de tout ce plastique» se souvient-elle. (http://www.cartierwomensinitiative.com/candidate/lorna-rutto)
Un million de déchets recyclés
Elle suit ensuite des études de commerce et de finance et commence une carrière dans la banque. « Mais quelque chose sonnait faux. » Elle éprouve alors le besoin de revenir à sa passion pour les personnes et la science. Elle quitte son travail et se lance dans l’entrepreneuriat. Elle s’associe avec un jeune ingénieur en biochimie rencontré dans son travail, lui aussi passionné d’environnement. C’est ainsi que, en 2010, naît EcoPost.
L’entreprise installée à Ruaraka depuis 2011, utilise le plastique et le recycle par extrusion pour en fabriquer des poteaux pour les clôtures. Les plastiques sont collectés par des femmes qui le vendent au kilo à EcoPost. La start-up a ainsi généré environ 300 emplois, autant de revenus utiles dans la région, sauvé 250 acres de forêts, et débarrassé la nature d’un million de kilos de déchets plastiques.
Et la demande ne fait que croître depuis les débuts d’EcoPost. D’ailleurs cette dernière vient d’acquérir une nouvelle machine d’extrusion. Celle-ci permettra de doubler sa production, la faisant passer à 7200 poteaux par trimestre. Depuis ses débuts l’entreprise a déjà multiplié sa production par huit.
Des planches et poutres pour la construction
Mais tout ne fut pas si simple et être une femme dans un milieu traditionnellement masculin fut l’un des challenges que Lorna Rutto a su relever avec brio : « c’était un vrai défi de me faire entendre des responsables administratifs du pays, mais j’ai acquis de puissants talents de négociatrice ! » Et la jeune femme n’hésite pas à participer aux taches très physiques requises par ce métier, ce qui lui permet aussi de se faire respecter.
EcoPost a déjà valu à la jeune femme de nombreuses récompenses et prix, tant au Kenya qu’à l’international, et notamment le prix Cartier Women’s Initiative en 2011. Un prix qui a marqué une étape importante dans l’aventure EcoPost et, plus concrètement, a permis à Lorna Rutto d’investir dans un camion qui a rentabilisé et optimisé la collecte des plastiques.
A ce jour, EcoPost ne manque pas de projets et l’heure est à la diversification. L’entreprise a ajouté à son catalogue, visible en ligne sur son site http://www.ecopost.co.ke, de nouveaux produits, des planches et des poutres qui permettent d’autres types de construction : charpentes, serres, poulaillers, palettes de chargement. Les déclinaisons sont sans limites et EcoPost propose déjà une table de jardin faite à partir de ces planches en plastique recyclé. Un pont public a été réalisé à partir des mêmes planches.
Grâce à son enthousiasme et à ses talents, la jeune Kenyane a su réaliser son rêve, créer de l’emploi tout en contribuant à débarrasser le pays du plastique.