Depuis la guerre froide, les relations russo-égyptiennes ont en globalement été marquées par une communauté de vue stratégique certaine, tandis que la coopération économique s’est avérée moins évidente à développer.
Une coopération étroite au début de la guerre froide
Alors que l’histoire n’avait jusqu’ici suscité aucune coopération notable de ces deux nations, les circonstances géopolitiques de l’après Seconde Guerre mondiale ont favorisé un rapprochement naturel de l’Egypte et de l’Union soviétique.
Lorsque l’Égypte accède à l’indépendance en 1953, c’est Nasser qui en prend le contrôle et met en place un régime socialiste. L’URSS noue immédiatement de solides liens diplomatiques avec ce nouvel allié, en atteste sa défense du projet de nationalisation du canal de Suez par l’Égypte en 1956.
Il s’agit ensuite d’étendre la sphère d’influence soviétique en pleine guerre froide face à son pendant américain. L’Égypte, quant à elle chef de file du monde arabe, accueille avec enthousiasme l’appui soviétique lors des différents conflits qui l’opposent à Israël dans les années 60-70. Une profonde coopération stratégique se développe alors entre les deux pays pendant cette période : coopération diplomatique mais également militaire et logistique, par l’envoi en Égypte d’armement et de formateurs soviétiques, et enfin énergétique avec l’aide des Soviétiques à la construction du fameux barrage d’Assouan en 1970.
Dès 1976 cependant, Sadate (le successeur de Nasser), souhaite voir l’Égypte se tenir à l’écart du jeu des superpuissances et rompt la coopération avec l’URSS.
Un renouveau dans les relations depuis les années 2000
Les relations ne furent rétablies que cinq ans plus tard, lors de l’accession au pouvoir d’Hosni Moubarak, mais restèrent d’ordre symbolique dans un premier temps et ne revinrent jamais au niveau de coopération atteint auparavant. C’est ainsi qu’aucun chef d’État russe ne se déplaça en Égypte avant Vladimir Poutine en 2005. Cette même année, la Russie bénéficia du soutien de l’Égypte dans le cadre de sa candidature à l’entrée dans l’OMC.
Les deux pays s’entendent depuis lors sur plusieurs problématiques régionales (Al Sissi, l’actuel président égyptien et Vladimir Poutine ont ainsi conjointement présidé le premier sommet Russie-Afrique à Sotchi en 2019) mais aussi sur la lutte contre le terrorisme, dans le domaine de l’énergie ou encore en matière d’infrastructures ferroviaires.
La société Transmashholding, plus grand équipementier ferroviaire de Russie, a notamment signé en 2018 un contrat d’une valeur de plus d’un milliard d’euros avec la compagnie des Chemins de fer nationaux égyptiens. Conclu dans le cadre d’un projet de modernisation des infrastructures ferroviaires en Égypte, le contrat prévoit la livraison de 1 300 rames issues des usines de production de Transmashholding. Un succès notable pour la société fondée en 2002 par l’homme d’affaires Iskander Makhmudov et présidée depuis 2008 par une autre figure majeure de la vie économique russe, Andrey Bokarev.
En matière de coopération énergétique, le groupe russe Rosatom construira notamment d’ici 2024 une centrale nucléaire en Égypte à El-Dabaa dans le cadre d’un accord bilatéral. Le volet économique semble désormais prendre une place de plus en plus importante dans les relations Russie-Égypte.
Les ministres du Commerce et de l’industrie des deux pays se sont d’ailleurs rencontrés à cet effet en 2018 et ont convenu d’une série d’accords visant à “éliminer les obstacles entravant les échanges commerciaux et les investissements entre les deux nations et ont déterminé les mécanismes destinés à renforcer leur coopération industrielle”.
Une zone industrielle russe devrait ainsi voir le jour dans la zone économique du canal de Suez, avec pour but de générer sept milliards de dollars d’investissements et de contribuer à la création de plus de 35 000 emplois. Un accord de libre-échange entre l’Égypte et l’Union économique eurasiatique est également à l’étude. Enfin, des mécanismes monétaires et de sécurisation des données seront mis en œuvre afin de faciliter la circulation des capitaux entre les deux pays.