Woelab, la maison de quartier 2.0 des Togolais au service du Lomé de demain

Auteur 15 décembre 2017 0
Woelab, la maison de quartier 2.0 des Togolais au service du Lomé de demain

« Un espace de démocratie technologique ». C’est ce qu’estime avoir créé, via Woelab, Sénamé Koffi Agbodjinou, un trentenaire togolais, à Lomé, la capitale de son pays. Une maison de quartier 2.0 au sein de laquelle se réunissent des gens de tous les horizons autour des innovations technologiques. Il s’agit de ce que l’on appelle un « fab lab », une expression tirée de fabrication et laboratoire : un lieu de réunion numérique mettant à disposition des outils numériques de type logiciels ou de l’équipement matériel dans un espace partagé sur le modèle makerspace, lieu de fabrication numérique.

Au Togo, et plus généralement en Afrique, le retard technologique est malheureusement un fait et Sénamé Joffi Agbodjinou, étudiant en architecture et en anthropologie à Paris, a souhaité y remédier en créant cette structure en 2012. Le garçon est un ancien volontaire déçu par les ONG qu’il juge pas assez au fait des réels problèmes à corriger ou se contentant d’actions qui n’ont pas assez d’influence. Selon lui, le nerf de la guerre pour l’avenir en Afrique passe par le développement de la ville, la grande, la désorganisée, la polluée.

Repenser les problématiques urbaines

Lors d’une interview qu’il a accordée au Monde Afrique, il a judicieusement dressé un constat simple et tranchant de l’état actuel. « La ville [en Afrique] n’est pas le prolongement du village africain. Elle est neutre, sans cohésion, sans aspérités. »

C’est dans ce cadre que Woelab, hébergé dans une villa de 600 m² (toutes les portes ont y été enlevées pour favoriser les échanges), espère provoquer des bouleversements positifs. Le fab-lab accueille tous les corps de métier possibles tant qu’ils ont une idée à apporter (artisans, étudiants, personnel médical, professeurs, informaticiens…). Les dénominateurs communs sont l’utilisation des nouvelles technologies et les projets pour imaginer l’avenir de Lomé.

Un exemple: les terrains vagues de la ville sont généralement utilisés pour y déposer des ordures. Des jeunes se sont lancés dans la création d’une start-up qui pourrait utiliser ces terrains afin d’y installer des potagers urbains collaboratifs, des greniers pour stocker les aliments et des cuisines associatives. Un autre a inventé une poubelle connectée afin de prévenir le sur-stockage des déchets. Une bonne-sœur a aussi fait appel aux compétences de membres de la communauté Woelab pour construire un orphelinat grâce aux matériaux locaux et à l’auto-participation des enfants.

Toutes ces initiatives sont encouragées et aidées à condition de remplir le cahier des charges. L’espace entend dynamiser les nouvelles générations et apporter des outils capables de les aider dans leurs démarches d’avenir.

Une imprimante 3D à partir de déchets électroniques

C’est dans ce cadre-là qu’est née W.Afate, la première imprimante 3D fabriquée à partir de déchets électroniques. Depuis cette prouesse technologique qui a été présentée à New York lors du 3D PRINT SHOW l’an passé, l’école de design de Pforzheim, en Allemagne, a commandé un dôme fait uniquement en imprimantes 3D. Une œuvre conceptuelle qui a pour but de mettre en avant les idées de Woelab qui prônent le bon sens et le « bien faire avec les moyens du bord ».

Cette imprimante est le symbole de la réussite du projet et Sénamé Joffi Agbodjinou l’utilise comme un argument pour vanter les idées provenant du Togo et de l’Afrique en général. « L’étoile montante de la tech africaine », comme l’ont surnommé certains médias, espère que son pays et son continent pourront être considérés dans le futur en termes de technologie. Il a les idées pour les aider à y parvenir.

 

Photo : Sénamé Joffi Agbodjinou

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