Les ressources minières africaines, principale richesse du continent, sont depuis longtemps exploitées par de gigantesques groupes principalement anglo-saxons. Si cette situation est toujours identique à l’heure actuelle, on constate néanmoins quelques changements intéressants. Que ce soit par l’intégration d’Africains à des postes importants et leur participation à la réalisation de projets de grande envergure ou quelques entrepreneurs africains qui tirent leur épingle du jeu, ces évolutions vont dans le sens d’une plus grande africanisation de cette industrie.
De plus en plus de cadres africains dans les groupes miniers
C’est grâce à l’action du Black Economic Empowerment, influencé par la politique économique sud-africaine, que ces changements ont vu le jour pour aboutir à la présence de plus en plus fréquente d’Africains à des postes importants, y compris des postes de direction. Cyniquement, on peut y voir l’intérêt bien compris de plusieurs majors du secteur minier pour qui engager un personnel qui connait la région ainsi que ses spécificités tout en les rémunérant à moindre coût que s’il s’agissait de personnel expatrié comporte beaucoup d’avantages.
Malgré tout, l’intérêt semble relativement équilibré puisqu’en engageant des employés locaux, ces entreprises se chargent de les former « sur mesure » soit au siège du groupe soit dans ses filiales. Tout cela contribue à créer des compétences locales et à transférer les savoirs localement.
Cet accroissement du nombre de cadres africains fait naître un nouvel espoir, celui de voir la création de sociétés purement locales qui malheureusement sont encore très peu nombreuses et essentiellement limitées au Maroc et en Afrique du Sud.
Quelques groupes miniers africains commencent à fleurir
Et pour cause, la création d’une exploitation minière demande une sérieuse connaissance du métier, des moyens financiers de l’ordre de plusieurs millions de dollars par exploitation mais aussi le soutien des grands du réseau minier sans qui l’appui des investisseurs est impossible.
Parmi les quelques Africains qui ont su tirer leur épingle du jeu, on peut citer Kalaa Mpinga, un congolais à la tête de Mwana Africa dont le chiffre d’affaires dépasse les 30 millions d’euros grâce à l’extraction du nickel et de l’or, Patrice Motsepe d’Afrique du Sud qui dépasse le milliard d’euros de chiffre d’affaires à la tête de l’African Rainbow Minerals ou encore Sam Jonath d’Ashanti Goldfields qui a fini par fusionner avec AngloGold.
Bien que ces exemples de réussite ne soient pas les seuls, il faut néanmoins déplorer le peu de cas supplémentaires. Même si certains hommes forts essaient d’être à la hauteur de leurs ambitions et ne lésinent pas sur les efforts, un soutien politique de la part des dirigeants africains ainsi que des mesures visant à tout mettre en œuvre pour favoriser la création de sociétés locales sont indispensables. Quelques pays comme le Sénégal, la République Démocratique du Congo et encore la Guinée l’ont compris.
j’ai bossé 26 ans dans ce secteur (Gabon et Niger pour l’uranium, Ghana pour l’or) et j’ai clairement vu le changement ces dernières années: de moins en moins d’expats, même s’ils restent majoritaires en Afrique noire.
C’est une bonne chose et un début d’émancipation de ses pays sur l’exploitation de leurs ressources minières.