Cela fait déjà deux ans que Moscou et Le Caire ont signé un accord pour la création d’une zone industrielle russe en terre égyptienne. Les détails sur son futur fonctionnement commencent à se préciser.
Des rapports privilégiés
Les liens se renforcent entre la Russie et l’Égypte, et ceux-ci sont aussi bien d’ordre économique que militaire et diplomatique. Le pays du Nil est déjà le premier partenaire commercial du Kremlin en Afrique et au sein du monde arabe, avec des échanges dépassant les six milliards de dollars chaque année. Les Russes exportent principalement vers l’Égypte du pétrole, du gaz, des minéraux tandis que les Egyptiens envoient dans le sens inverse des produits agricoles alimentaires et des produits chimiques.
Bien qu’il reste quelques détails à régler dans les contrats de développement, les équipes égyptiennes ont déjà commencé la préparation du site de la future zone industrielle aux alentours de Port-Saïd. Le terrain d’une superficie de 5,25 km² devrait être cédé aux entreprises russes d’ici 2021 afin que ces derniers commencent la construction d’infrastructures à un emplacement stratégique, à proximité du canal de Suez. Les entreprises qui s’installeront dans la nouvelle zone industrielle disposeront ainsi d’un accès direct aux marchés du Moyen-Orient et de l’Afrique de l’Est via la mer Rouge mais aussi vers les pays européens via la mer Méditerranée.
Surtout, les produits fabriqués sur place seront régis par les accords commerciaux qu’entretient l’Égypte avec plus de 70 nations et seront estampillés « Made in Egypt ».
Des accords mutuellement profitables
Concernant les relations exclusivement russo-égyptiennes, les autorités locales ont prévu un régime fiscal simplifié pour les entreprises qui viendront s’implanter en Égypte. Rien n’est encore gravé dans le marbre mais les experts parlent pour le moment d’un taux de TVA égal à zéro ainsi que d’une absence totale de droits de douane et de taxe foncière. De l’autre côté, la Russie s’engage à ce que 90% des 35 000 nouveaux emplois que la zone devrait créer soient occupés par des Égyptiens.
Dernier élément à la table des négociations : le Spoutnik V. Il est en effet possible que le vaccin russe contre la Covid-19 soit en partie fabriqué en Égypte. A minima, le pays disposera d’un canal d’approvisionnement privilégié dès que le vaccin aura été approuvé par le ministère de la Santé égyptien. L’ambassadeur de Russie sur place, Georgy Borisenko, a d’ailleurs affirmé récemment que son gouvernement serait « heureux de fournir de plus grandes quantités de vaccins pour aider l’Égypte à protéger ses citoyens ».
Les premières productions pourraient débuter d’ici 2022, alors que 32 entreprises sont déjà décidées à venir installer usines et entrepôts en Égypte. Parmi elles, on retrouve des poids lourds de l’industrie tels que EFKO Group, Gazprom Neft ou encore les experts ferroviaires de Transmashholding. Le groupe présidé par Andrey Bokarev a d’ailleurs déjà commencé à travailler avec l’Égypte, ayant récemment signé un contrat pour un lot de 1 300 wagons. Un accord équivalent à 1,13 milliard de dollars qui en fait le plus important de l’histoire du chemin de fer égyptien.