L’Afrique se tourne enfin vers les étoiles

Auteur 28 mai 2019 0
L’Afrique se tourne enfin vers les étoiles

Les coûts de fabrication et de lancement d’un satellite sont moins importants que par le passé. Ainsi, de nombreux pays africains peuvent s’intéresser de plus près à la conquête spatiale dans le but d’améliorer la santé publique, de meilleure surveillance de la population mais aussi d’un plus grand rayonnement international.

Le Nigeria l’a promis en 2016 : avant 2030, il enverra un homme dans l’espace. Cette promesse entre dans un contexte de conquête spatiale dans laquelle se lance l’Afrique depuis quelques années. Longtemps mis à l’écart de cette course dominée par les grandes puissances, les pays africains sont désormais regroupés autour de l’Agence spatiale africaine, calquée sur le modèle de l’Agence spatiale européenne. Dans le sillage de pays à l’économie dynamique tels le Nigéria ou l’Afrique du Sud, l’Afrique veut regarder vers les étoiles.

Un ticket d’entrée désormais abordable

Les investissements réalisés témoignent de ce changement de cap. En 2013, l’Afrique n’avait investi que 100 millions de dollars dans la conquête spatiale, soit moins de 0,2 % du budget mondial. Le lancement du premier satellite africain dans l’espace date de 1999 avec l’Afrique du Sud qui avait aussi vu un de ses ressortissants devenir le premier « afro-naute » de l’histoire en 2000. Depuis, une trentaine d’appareils ont été envoyés dans l’espace, dont près de la moitié lors des trois dernières années marquant ainsi l’entrée de l’Afrique dans le concert spatial.

Ethiopie, Ghana, Congo, Kenya ou encore Nigeria ambitionnent de suivre l’Afrique du Sud, le pays africain le plus avancé sur la question de l’espace et qui propose le plus de formations universitaires dans ce secteur.

Plusieurs raisons ont poussé l’Union africaine à valider la création de cette agence spatiale continentale. D’abord les coûts : ils ont drastiquement baissé ! D’ailleurs des étudiants du Ghana ont même fabriqué et lancé un satellite pour un coût inférieur à 500.000 euros. L’accès à ces technologies étant désormais abordable, il est normal que les pays africains se lancent dans une conquête spatiale qui doit aider à leur développement dans plusieurs domaines concrets.

Paludisme, terrorisme et fracture numérique

Notamment dans le cadre de la santé publique. L’impact sera important car les outils satellites aident à prévenir de certaines maladies comme le paludisme. Ce dernier, pour prendre cet exemple parlant, est transmis par les moustiques, contamine les populations se trouvant dans des zones très humides. Grâce à un satellite, il est possible de voir se former les concentrations d’humidité et donc l’arrivée des moustiques. Posséder les informations permettrait d’anticiper la recrudescence des insectes porteurs de la maladie et donc de prévenir une éventuelle épidémie.

Sur le plan purement médical, la télémédecine (consultations par vidéo) permet aux médecins d’accéder à des zones très isolées grâce aux communications satellites. L’arrivée d’Internet permet également de réduire la fracture numérique en donnant accès au web à des centaines de milliers d’habitants isolés et particulièrement aux enfants qui pourraient ainsi voir leur système d’éducation s’améliorer nettement.

D’un point de vue climatique, les images satellites ont déjà prouvé leur utilité lors d’une sécheresse qui a eu lieu au Kenya. Les données fournies par les radars ont permis de découvrir l’existence d’une nappe phréatique dans les sous-sols d’une région privée d’eau. Des incendies ou des inondations peuvent également être traités à temps grâce aux images satellites.

Concernant la question sécuritaire, les images envoyées depuis l’espace peuvent permettre de repérer les groupes terroristes présents en Afrique centrale. Les autorités sont donc susceptibles de pouvoir les traquer et anticiper d’éventuelles incursions ou attaques contre les populations civiles, comme le fait déjà le Nigeria avec le groupe Boko Haram.

S’offrir un rayonnement international

Si l’Afrique possède de réels intérêts pour son développement, la conquête spatiale offre également un rayonnement international. Certains gouvernements se soucient de l’image renvoyée par les avancées technologiques réalisées et espèrent que leur pays gagne en crédibilité au niveau mondial. D’autres, au développement beaucoup moins avancé, sont encore bien loin d’envisager des ambitions spatiales et ne voient pas en quoi envoyer des satellites dans les étoiles permettra de mieux nourrir leurs populations. C’est ici que l’Agence spatiale africaine prend son importance en incarnant un outil censé réunir petits et grands Etats autour d’un objectif commun : aider l’Afrique à s’approcher des étoiles pour mieux s’occuper de son continent.

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