La Côte d’Ivoire dépense gros pour inciter les touristes à revenir

Auteur 27 mars 2019 0
La Côte d’Ivoire dépense gros pour inciter les touristes à revenir

Après plus de vingt ans d’instabilité politique, la Côte d’Ivoire a été désertée par les touristes. Le gouvernement profite du retour au calme pour lancer « Sublime Côte d’Ivoire », un plan de grande ampleur visant à faire revenir les touristes de loisirs et d’affaires.

La Côte d’Ivoire parmi les destinations favorites d’Afrique ? C’était hier, avant que vingt années d’instabilité politique ne fassent fuir les touristes, laissant les villages-vacances et les hôtels à l’abandon, faute de réservations. Cette période chaotique étant révolue, on note une reprise notable du tourisme depuis trois ans : en 2016, trois millions de visiteurs ont été enregistrés puis 3,475 millions en 2017. Le tourisme a contribué à 7,5 % du PIB de la Côte d’Ivoire en 2016, un chiffre encore inférieur à la moyenne mondiale (10 %). C’est dans ce contexte que le gouvernement ivoirien lance « Sublime Côte d’Ivoire », un plan pour redonner au pays son rayonnement d’antan.

L’investissement est de taille : 3.200 milliards de francs CFA, soit environ 4,9 milliards d’euros et la création de 650.000 emplois qualifiés avec pour objectif de faire revenir le pays dans le top 5 des destinations touristiques de loisirs en Afrique d’ici 2025 alors qu’aujourd’hui il se situe au douzième rang continental.

Rénover des structures déjà existantes

Le financement de « Sublime Côte d’Ivoire » provient de deux sources : une moitié (le volet structurel) est gérée par l’Etat ivoirien qui a déjà dépensé une partie de cette somme à travers son plan national de développement qui prévoit l’aménagement de 1.500 kilomètres de routes d’ici 2020. L’autre moitié, qui concerne les secteurs de la sécurité et de la santé, provient d’un fonds débloqué par la banque marocaine Attijariwafa Bank.

Concrètement, le plan prévoit de mettre en avant ses 500 kilomètres de littoral et ses parcs nationaux en organisant ou remettant en valeur des circuits déjà existants. Aménagement de la baie de Cocody, Route des rois à l’Est, Route des éléphants à l’ouest, Route de l’esclave pour un tourisme de mémoire… Il s’agit prioritairement de rénover des structures touristiques délaissées puis de créer de nouvelles infrastructures. Par exemple, un parc d’attraction de 100 hectares va voir le jour à Port-Bouët en 2020.

La Côte d’Ivoire indique viser principalement une clientèle régionale en misant sur l’émergence d’une classe moyenne africaine. Dans un second temps sera visée la clientèle venue de plus loin et particulièrement celle de France, de Chine et des Etats-Unis.

Le tourisme d’affaires

Le tourisme de loisirs n’est pas la seule cible du gouvernement ivoirien : le tourisme d’affaires constitue un objectif très important puisqu’en 2018, avec 774.000 visiteurs, il a représenté plus de la moitié des recettes touristiques. Dans ce secteur, la Côte d’Ivoire est troisième en Afrique (derrière le Maroc et le Nigéria) et entend bien occuper la première place en 2025 en doublant son chiffre de fréquentation.

La dynamique est bonne (Sofitel est passé de 26.000 à 80.000 nuitées par an entre 2013 et 2018) et Abidjan, malgré la concurrence de Dakar, devrait être la place forte du tourisme d’affaires en Afrique de l’Ouest avec l’inauguration des hôtels Marriott (2021) et Sheraton (2022) au cœur d’un complexe abritant un nouveau centre des congrès. Un des enjeux est désormais de convaincre les investisseurs à s’implanter en dehors d’Abidjan : Yamoussoukro, Bouaké ou San Pedro, trois des principales villes du pays, sont dépourvues d’hôtel appartenant aux grandes chaînes mondiales.

Enfin, l’autre enjeu majeur pour « Sublime Côte d’Ivoire » provient du ciel. Le gouvernement ivoirien doit repenser son offre de tarification dans ses aéroports afin de faciliter l’arrivée de compagnies low-cost et ainsi proposer des billets à des tarifs plus attractifs. Une opération à réaliser sans pour autant affaiblir la compagnie nationale Air Côte d’Ivoire.

Avec ce plan de grande ampleur, la Côte d’Ivoire prouve qu’elle est bien décidée à retrouver son attractivité et à redevenir, comme dans les années 80-90, une place majeure du tourisme en Afrique.

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