Lauréate d’un concours international permettant d’envoyer gratuitement un satellite éducatif dans l’espace, la Tunisie ambitionne de devenir la référence de la recherche spatiale sur le continent africain.
La Tunisie est prête à aller tutoyer les étoiles. En février dernier, elle a été la première nation arabe à obtenir la première place à la compétition spatiale internationale KiboCube. Ce projet développé par le bureau des affaires spatiales des Nations unies (UNOOSA) et l’agence d’exploration spatiale (JAXA), offre la possibilité à des pays émergents de devenir des nations spatiales. Le but est de permettre aux lauréats de la compétition (organisée chaque année depuis 2015) de lancer un satellite dit « éducatif » gratuitement afin qu’il aide à la recherche et au développement de l’ingénierie spatiale dans les universités et écoles supérieures du pays gagnant.
Pour cette sixième édition de KiboCube, la Tunisie l’a emporté avec le Mexique. L’appellation KiboCube est la réunion de Kibo (nom du module d’expérimentation japonais sur la station spatiale internationale) et de Cube (le déploiement d’un CubeSat sur ce module). Ce projet de KiboCube entre dans l’initiative « Accès à l’espace pour tous » développé par l’UNOOSA et la JAXA, sous le regard de l’ONU qui souhaite faire en sorte que chaque pays du monde puisse profiter de l’espace de manière pacifique. Depuis sa création en 2015, le Kenya, Maurice et le Guatemala ont ainsi pu profiter de ce tremplin pour devenir des nations spatiales.
Faire de l’ESPITA l’école de référence en Afrique
C’est l’école supérieure privée d’ingénierie et de technologie de Sousse (ESPITA) qui a été chargée de piloter la candidature tunisienne. Il n’est pas surprenant de voir la Tunisie se positionner sur ce domaine de la recherche spatiale. Déjà, le pays est depuis longtemps un moteur en enseignement supérieur sur le continent. De nombreux étudiants arrivent des quatre coins de l’Afrique et d’ailleurs pour s’inscrire dans des universités réputées pour leur savoir-faire et la qualité de leur enseignement. Derrière cette victoire, l’objectif affiché par Aouinet Hana, directrice du laboratoire de modélisation et d’ingénierie numérique de l’ESPITA mais aussi coordinatrice du projet TUNSAT 1, va être de profiter de cette dynamique pour faire de l’ESPITA l’école de référence en matière de recherche spatiale sur le continent africain.
Concrètement, comment va s’articuler le calendrier et quelles sont les échéances pour la Tunisie dans les prochains mois ? Déjà, l’ESPITA, en relation avec le gouvernement, va plancher sur le lancement du premier satellite éducatif car TunSat 1 devrait être lancé courant 2023. Il sera chargé d’une mission d’observation de la Terre et plus particulièrement de la Tunisie avec l’objectif d’obtenir des images macroscopiques du pays pour tester la communication entre le satellite et la station au sol.
Bientôt une cosmonaute tunisienne dans l’espace ?
Cette nouvelle réjouissante pour la Tunisie qui a connu quelques soubresauts internes ces derniers mois, n’est pas un hasard. Il est vrai que le pays a les yeux tournés vers les étoiles depuis longtemps. En août 2021, le président Kaïs Saïed avait lui-même annoncé sa volonté d’envoyer un cosmonaute dans l’ISS afin d’être le premier pays africain et arabe à réaliser ce genre d’initiative. A cette occasion, il avait même fait part de son objectif que ce cosmonaute soit une femme, afin de souligner l’esprit d’ouverture et de modernité de son pays.
Cette révélation faisait suite à la signature d’un partenariat entre l’entreprise tunisienne Telnet et l’agence spatiale russe Roscosmos. Cette dernière a d’ailleurs envoyé en mars 2021 plusieurs satellites dont « Challenge One », de propriété tunisienne et destiné aux objets connectés en Tunisie.
Prenant de l’avance sur ses voisins d’Afrique du Nord dans ce domaine, la Tunisie ambitionne donc de devenir une place importante de la recherche spatiale dans sa région.
Photo : middleeasteye.net