Open data en Côte d’Ivoire : le parti d’Orange et de Groupe Huit

Auteur 23 février 2015 0
Open data en Côte d’Ivoire : le parti d’Orange et de Groupe Huit

Orange, qui s’est lancé dans un vaste projet pilote en Côte d’Ivoire, utilise l’open data comme facteur de développement socio-économique. Le géant français de la télécommunication, qui a établi un partenariat avec Groupe Huit, un bureau d’étude spécialiste du développement urbain dans les pays émergents, entend valoriser les données collectées sur son réseau mobile.

Le terme « open data » ou « données ouvertes » est utilisé pour qualifier une ou plusieurs données numériques publiques ou privées. Cette ou ces dernières sont produites par une collectivité ou un service public.

Pourquoi et comment exploiter des informations dans le cadre d’un projet d’aménagement du territoire ? Interrogé sur le sujet, l’urbaniste et directeur général de Groupe Huit Guillaume Josse s’est fait le porte-parole du partenariat entre sa société et le groupe Orange.

Un manque cruel de données

Concevoir un projet de développement, c’est avant tout se poser des questions et les bonnes. Où habitent les gens ? Ou travaillent-ils ? Quelles sont leurs relations ?

Si ces données sont faciles à récolter, les choses se compliquent lorsqu’il s’agit d’organiser une étude dans un pays en voie de développement. Car bien des données restent inaccessibles : recensement de la population, données sur les migrations, niveaux de richesse et fichiers d’adresses. Des informations primordiales qui, si elles sont manquantes, empêchent la plupart du temps les spécialistes d’obtenir des statistiques précises.

Quelles solutions alors ?

Il existe pourtant des solutions. Les photos aériennes, par exemple, permettent d’effectuer un recensement du nombre d’habitations et, ainsi, d’estimer une densité de population. Des enquêtes sont également effectuées directement dans la rue auprès de la population.

L’option téléphonique aboutit souvent à des résultats intéressants. Ces data, qui représentent des échantillons de millions d’appels sur tout un territoire, sont assez représentatives grâce aux nombres d’antennes recensées.

Les communications téléphoniques ont un côté clairvoyant car elles permettent de comprendre le fonctionnement économique, politique et social d’une région ou d’un pays.

La mobilité : une problématique d’importance

Pour donner un exemple concret, la ville d’Abidjan et ses 5 millions d’habitants a décidé d’élaborer un nouveau plan de déplacement urbain. Ce dernier a pour but de déterminer quelle sera la politique des 15 prochaines années en matière de transports individuels et collectifs.

Une étude qui s’avère périlleuse, car la mobilité est une des grandes problématiques des villes aujourd’hui. Les communications peuvent s’avérer une nouvelle fois utile car, si on prend l’exemple d’un quartier populaire, on peut procéder de la manière suivante : sélectionner des appels durant la nuit et suivre ensuite ces numéros tout au long de la journée suivante entre la zone désignée et le centre-ville.

Un partenariat précieux

Cette étude pointue, qui analyse des données téléphoniques en Côte d’Ivoire, nécessite une collaboration sérieuse et efficace entre Orange et Groupe Huit. A partir du « Call Data Record », une base de données d’informations enregistrées à chaque appel lors de la facturation des clients, les deux équipes françaises organisent la suite de l’étude.

L’ensemble des données, soit 2 milliards d’appels, sont triés dans les catégories suivantes : nombre d’appels, durée des appels et origine ou destination des appels. Par la suite, ces matrices sont cartographier et simplifier afin de les rendre accessibles au plus grand nombre.

Dans le cadre du projet en Côte d’Ivoire, des cartes sont produites dans les domaines de la mobilité, de la communication et de l’armature urbaine.

Un objectif à la clé

Guillaume Josse, l’urbaniste et directeur général de Groupe Huit, rappelle l’objectif principal de ce projet pilote : « Démontrer la richesse et le potentiel de ces données pour la conception et la mise en œuvre de projets de développement durable, mais également développer des méthodes d’exploitation pour la suite et pourquoi pas industrialiser l’approche… ».

Un beau pari lancé par les deux Groupes français qui, s’il se révèle être un vrai casse-tête chinois, trouvera certainement son utilité dans le futur.

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