Adebayo Ogunlesi : une voix pour l’Afrique à la maison blanche

Auteur 19 avril 2017 0
Adebayo Ogunlesi : une voix pour l’Afrique à la maison blanche

Donald Trump a annoncé la liste des membres de son forum stratégique, l’organe consultatif qui le conseillera sur sa politique économique. Ce groupe rassemblera des dirigeants de grandes entreprises américaines. Au milieu des P-DG de General Motors, Walt Disney, JP Morgan ou du Boston Consulting Group, on trouve Adebayo Ogunlesi, un Nigérian de 63 ans, qui préside Global Infrastructure Partners, un fonds d’investissements. Il est le seul étranger membre de ce forum.

Fils de professeur de médecine, Adebayo Ogunlesi est passé par les plus prestigieuses universités. Il a ainsi obtenu une licence en philosophie politique et en économie à Oxford puis un diplôme de droit à Harvard. Il a ensuite débuté sa carrière dans la justice où il est devenu le premier greffier non américain à la Cour suprême des États-Unis. Il y assistait Thurgood Marshall, premier Afro-Américain à siéger au sommet du pouvoir judiciaire des États-Unis.

Adebayo Ogunlesi : 23 années au Crédit suisse

Adebayo Ogunlesi s’est reconverti dans la finance au début des années 80. C’est ainsi qu’en 1983, il rejoint le Crédit suisse First Boston, une banque d’investissement. Il y effectue une grande partie de sa carrière jusqu’à en devenir directeur en 2002 et siéger au conseil d’administration. En 2006, il quitte l’entreprise pour créer Global Infrastructure Partners, un fonds d’investissement dont les premiers supports ont été le Crédit suisse et General Electric.

Global Infrastructure Partners est spécialisé dans les investissements dans les actifs liés aux transports, à la production énergétique et au traitement des déchets et des eaux usées. GIP est né sous l’impulsion d’Adebayo Ogunlesi, de Matthew Harris, autre transfuge du Crédit suisse et de William Woodburn, ancien P-DG de General Electric. Si ces trois derniers n’avaient aucune expérience dans ce type d’investissements, ils ont pu s’appuyer sur un solide réseau pour développer leur activité.

À la tête de nombreux projets à travers le monde

Parmi les implications les plus marquantes de Global Infrastructure Partners, on trouve l’aéroport de Londres Gatwick, acquis en 2009. C’est le second aéroport britannique et l’un des plus importants d’Europe avec un volume annuel de 35 millions de passagers. Londres Gatwick est l’un des seize projets dans lesquels le GIP est actuellement impliqué. Le groupe fondé par Adebayo Ogunlesi gère aujourd’hui 40 milliards de dollars d’actifs à travers le monde et a développé une certaine expertise dans la gestion d’infrastructures.

À l’heure où Donald Trump promet 1000 milliards de dollars d’investissements sur dix ans dans les infrastructures à travers les États-Unis, la nomination d’Adebayo Ogunlesi au sein de son forum stratégique n’est donc guère surprenante. Le président américain entend s’appuyer sur l’expertise de chefs d’entreprises comme lui pour stimuler la croissance et créer des emplois. Donald Trump souhaite par ailleurs s’appuyer sur le secteur privé pour rénover des réseaux devenus obsolètes et longtemps négligés.

La voix de l’Afrique auprès de la Maison Blanche

Adebayo Ogunlesi a fait toute sa carrière aux États-Unis mais n’en a pour autant pas oublié son pays et le continent africain. Il a notamment siégé au conseil d’administration de l’Africa Finance Corporation, un organisme dont la mission est de développer l’investissement privé dans les infrastructures sur le continent. De plus, il a été un temps le conseiller économique auprès de l’ancien président nigérian Olusegun Obansanjo. Enfin, il a été consultant auprès de différents gouvernements sur des questions fiscales et de développement.

La nomination d’Adebayo Ogunlesi par Donald Trump est à double tranchant pour l’Afrique. D’un côté il pourrait porter la parole du continent au cœur du pouvoir américain et influencer la politique africaine du président des États-Unis. D’un autre côté, cette nomination prive le Nigéria et l’Afrique d’un de ses plus grands talents. Le continent a assurément besoin d’infrastructures pour soutenir son développement et l’expertise d’Adebayo Ogunlesi en la matière aurait été un atout.

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