Asie-Afrique 2015 : un sommet pour construire un futur en commun

Auteur 18 mai 2015 0
Asie-Afrique 2015 : un sommet pour construire un futur en commun

Plus d’une centaine de pays ont participé cette année au Sommet Asie-Afrique. Cette conférence qui s’est déroulé du 22 au 24 avril dernier à Jakarta était également l’occasion de célébrer le 60e anniversaire de la conférence de Bandung. En effet, c’est aussi en Indonésie que du 18 au 24 Avril 1955 avait eu lieu le premier sommet afro-asiatique de l’histoire. À l’époque, il avait surtout été question de décolonisation. Qu’en était-il cette année ?

109 pays d’Asie et d’Afrique, 16 pays observateurs et 25 organisations internationales ont participé à ce troisième sommet Asie-Afrique dont le thème était : « renforcer la coopération Sud-Sud pour promouvoir la paix et la prospérité mondiale ». Une thématique très ambitieuse alors que les tensions communautaires et religieuses déstabilisent l’Afrique et le Moyen-Orient

Chine, Inde, Japon : opération séduction à destination de l’Afrique

Sommet-Jakarta-2015-04-22Si la conférence originale de Bandung était mue par la volonté d’en finir avec la colonisation et d’accéder à plus d’égalité et de justice entre les peuples, les enjeux de la conférence 2015 de Jakarta étaient, eux, clairement économique. À ce niveau-là, la Chine, l’Inde et le Japon ont été particulièrement proactifs. En effet les trois grandes nations du continent asiatique se sont chacune lancées dans une opération séduction à destination de l’Afrique.

De ce fait, durant la conférence, les représentant respectifs de ces trois pays, Xi Jinping, le président

chinois, Shinzo Abe, le Premier ministre japonais et Sushma Swaraj, la ministre des Affaire étrangères indienne ont multiplié les annonces et les déclarations portant sur la coopération et l’appui de leur pays au continent africain.

La Chine a cependant sorti son épingle du jeu en ne se limitant pas à l’aspect économique mais en évoquant aussi une vision diplomatique et politique des relations Asie-Afrique en plaidant pour un monde plus juste et plus équitable prenant davantage en compte les deux continents.

Rencontres asiatico-asiatique et afro-africaine

Si cette conférence commémorative du sommet de Bandung avait pour objectif de renforcer les liens entre l’Asie et l’Afrique, elle a également permis quelques rencontres asiatico-asiatique ou afro-africaine.

Ainsi, en marge du sommet, une rencontre tripartite a eu lieu entre l’Algérie la Lybie et la Tunisie. Les ministres des Affaires étrangères de chaque pays se sont réunis pour discuter ensemble de la situation extrêmement compliquée en Lybie et essayer de faire avancer les choses.

De même, le président chinois et le Premier ministre cambodgien ont également profité de la conférence pour se rencontrer et renforcer les liens commerciaux entre les deux pays avec notamment un accord sur l’exportation de 100000 tonnes de riz du Cambodge vers la Chine.

Trois documents adoptés

Ce troisième sommet afro-asiatique a permis de produire trois documents engageant notamment les participants à lutter conter toute forme d’extrémisme et de racisme. Ainsi le « message de Bandung » évoque à travers les quarante et un articles qui le compose, la nécessité de promouvoir le dialogue, l’échange et la tolérance. Par ailleurs, les médias et supports de communication ont été reconnus comme des outils indispensables pour combattre les extrémismes.

Le deuxième document cosigné par les participants est la « déclaration sur l’impulsion du nouveau partenariat stratégique Asie-Afrique ». Il y est questions des liens économiques de plus en plus nombreux entre les deux continents, notamment à travers la création de le Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII), initiative de la Chine. Enfin, un troisième document intitulé « déclaration sur la Palestine » apporte un soutien sans équivoque à la population palestinienne et à son droit à l’indépendance.

Cette troisième conférence Asie-Afrique semble avoir véritablement été porteuse d’espoir pour l’ensemble des participants. Il existait en tous cas une réelle volonté de faire revivre l’esprit originel de la conférence de Bandung. En cela, le président chinois a effectué un véritable plaidoyer pour un nouvel ordre mondial dans lequel les pays asiatiques et africains devaient d’une part davantage coopérer ensemble, et d’autre part modifier leur rapport avec les pays du Nord. L’intention est évidemment des plus louables toutefois, le rapport de force entre la Chine et ses partenaires asiatiques et africains semble malgré tout totalement déséquilibré. Et, loin de l’esprit de Bandung de 1955, on peut s’étonner que les questions de droits de l’homme et de protection de l’environnement aient été relativement peu évoquées durant ces deux jours.

 

 

Ecrire un commentaire »