A l’approche des élections présidentielles de juin 2015, les “actes d’intimidation, de harcèlement et de violence” contre l’opposition se multiplient au Burundi, selon un rapport d’Amnesty International publié le 29 juillet dernier. L’ONG américaine dénonce en effet une campagne d’intimidation orchestrée par le pouvoir en place contre ses opposants politiques.
Le président Pierre Nkurunziza, à la tête du Conseil national pour la défense de la démocratie–Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), élu une première fois en 2005, puis réélu en juin 2010, brigue actuellement un troisième mandat, bien que cela soit contraire à la Constitution, selon ses opposants.
Des actes de violences contre l’opposition
Le gouvernement interdit aux partis d’opposition et à quiconque d’organiser des réunions publiques ou des manifestations, ce au titre de la loi règlementant les manifestations sur la voie publique et réunions publiques.
Le mouvement de jeunesse du CNDD-FDD, les Imbonerakure, mène des actes d’intimidation et de violence à l’encontre des opposants politiques. Ils vont même parfois jusqu’à tuer, et cela semble-t-il en toute impunité. Dans son rapport, Amnesty International relate la mort d’un opposant, abattu par deux soldats sur l’ordre d’un fonctionnaire local et d’un membre des Imbonerakure. Un autre a été battu et a eu les dents brisées.
L’arrestation arbitraire d’un défenseur des droits de l’homme
Selon un câble interne émanant du bureau de l’ONU au Burundi, divulgué en avril 2014, deux membres de l’armée, dans une province, auraient fourni à des Imbonerakure et à des soldats démobilisés des armes et des uniformes de l’armée et de la police. Bujumbura a nié ces accusations et refusé la mise en place d’une commission d’enquête indépendante proposée par le conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide.
Il y a trois mois, Pierre Claver Mbonimpa, un défenseur des droits de l’homme notoire, a été arrêté et incarcéré pour avoir affirmé à la radio que des jeunes hommes recevaient une formation militaire en République démocratique du Congo voisine. Plusieurs associations de défense des droits de l’homme dont l’ONG Human Right Watch dénoncent une arrestation illégale et une détention arbitraire.
« Un climat extrêmement dangereux »
La communauté internationale s’inquiète d’une montée des tensions et de la violence dans ce pays tout juste sorti en 2006 de treize années de guerre civile.
« Nous sommes en train de vivre un climat extrêmement dangereux» s’inquiète le sociologue Nicodème Bugwabari, dans le forum Iwacu – Voix du Burundi. Il craint tout particulièrement les actes de violence perpétrés par les Imbonerakure. Selon lui, les actes considérés comme de simples bavures pourraient dégénérer en une violence de masse terrible. “En 94, le génocide rwandais a été perpétré par les jeunes Interahamwe et les politiques ne pensaient pas au départ, qu’ils en arriveraient à perpétrer ces massacres ».
Amnesty International a demandé à l’Union africaine (UA) de considérer les violations des droits civils et politiques burundais, dans le cadre du Système continental d’alerte rapide (SCAR), visant à la prévention et à l’anticipation des conflits. L’ONG a invité les autorités burundaises à protéger, respecter et appliquer les droits des Burundais à la liberté de réunion et d’expression.
Très préoccupant, dans un pays qui perd peu à peu la beauté de sa culture.