Le 5 mai 2016, à l’occasion de la 34ème session du conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UMA, Taïeb Baccouche a été désigné pour succéder à Habib Ben Yahia en tant que secrétaire général. Retour sur le parcours de cet universitaire, syndicaliste, défenseur des droits de l’homme et politicien tunisien.
Nomination à la tête de l’UMA : un défi pour Taïeb Baccouche
Taïeb Baccouche, à l’âge de 72 ans, doit maintenant répondre aux problématiques auxquelles est confrontée l’UMA alors que cette organisation interétatique peine à réaliser sa mission d’intégration régionale.
Le nouveau secrétaire général va en effet devoir faire face à des défis régionaux d’ampleur, qui ont été mis en exergue lors de la 34ème session du conseil des ministres à Tunis : crise libyenne, lutte contre le terrorisme, le trafic d’armes et d’êtres humains et la criminalité transfrontalière. Fondée le 17 février 1989, l’UMA regroupe le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, la Lybie et la Mauritanie mais a été minée depuis sa création par les dissensions politiques notamment sur la question du Sahara occidental. Le conseil des chefs d’Etats des cinq pays membres ne s’est ainsi pas réuni depuis 1994.
Taïeb Baccouche hérite donc d’un poste se trouvant à l’épicentre des tensions régionales. L’ancien chef de la diplomatie tunisienne possède néanmoins de solides atouts pour faire face à ces problématiques transfrontalières au Maghreb et mener à bien sa nouvelle mission à la tête de l’UMA.
Universitaire, syndicaliste et militant
Brillant universitaire, Baccouche poursuit initialement une carrière académique en parallèle de son engagement syndicaliste et son militantisme des droits de l’homme.
Diplômé d’histoire, de langue et littérature française, il reçoit sa licence d’arabe de l’ENS de Tunis en 1965. Il passe avec succès l’agréation d’arabe en France en 1968 et occupe dès 1969 un poste d’enseignant chercheur à l’université à Tunis. Fort de son parcours, il devient le secrétaire général de la Fédération de l’enseignement supérieur, fonction qu’il occupe entre 1974 et 1977.
Il publie tout au long de sa carrière de nombreux orages de linguistique, mais également de sociologie politique et de droits de l’homme qui soulignent son militantisme. Taïeb Baccouche est effet un homme engagé. Un an après l’obtention de son doctorat de linguistique en 1980 à la Sorbonne, il prend les commandes en 1981 de l’Union général tunisienne du travail et de son journal Echaab – « Le Peuple », postes qu’il occupe respectivement jusqu’en 1984 et 1985. Il ne délaisse toutefois pas sa passion pour la linguistique, puisqu’il devient le président de l’association tunisienne de linguistique de 1995 à 2002.
Défenseur des droits de l’homme, le brillant universitaire et syndicaliste va également présider l’Institut arabe des droits de l’homme de 1998 jusqu’à sa nomination au poste de ministre des Affaires étrangères en 2015.
Une entrée tardive en politique
Taïeb Baccouche se lance donc tardivement en politique mais son parcours remarquable le hisse au rang de ministre et de secrétaire général du parti Nidaa Tounes.
Après la révolution tunisienne et l’éviction de Zine el-Abdine Ben Ali, Baccouche devient en février 2011 ministre de l’Education et porte-parole du gouvernement de Mohamed Ghannouchi puis de celui de Béji Caïd Essebi jusqu’au 24 décembre 2011. Il occupe de nouveau une fonction ministérielle lorsqu’il est il est nommé en février 2015 ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Habib Essid. Il reste un peu moins d’un an à la tête de la diplomatie tunisienne et quitte son poste en janvier 2016 pour cause de divergences avec le gouvernement.
Outre ses fonctions ministérielles, Baccouche s’est également engagé dans le mouvement Nidaa Tounes, parti politique de l’opposition tunisienne et anti-islamiste créé au printemps 2012 par Béji Caïd Essebi après qu’il ait quitté sa fonction de Premier ministre. Présent depuis le début du mouvement, Baccouche devient secrétaire général du parti dès sa fondation et contribue à le mener vers une victoire retentissante aux législatives et aux présidentielles de 2014, permettant à Béji Caïd Essebi de devenir le président de la République tunisienne.
Taïeb Baccouche possède donc toutes les compétences pour tenter d’insuffler un nouveau souffle à l’UMA et faire face aux défis régionaux du Maghreb.