« Qu’Allah bénisse la France », Il était une fois Régis, devenu Malik

Auteur 26 janvier 2015 1
« Qu’Allah bénisse la France », Il était une fois Régis, devenu Malik

Le mercredi 10 décembre est sorti en salle le premier film du rappeur Abd al Malik, « Qu’Allah bénisse la France ». Ce long métrage en noir et blanc, indéniablement inspiré du film « La Haine » de Mathieu Kassovitz, est tiré d’une œuvre littéraire autobiographique parue 10 ans plus tôt. L’artiste livre au spectateur son parcours divisé entre délinquance et soif de réussir, son histoire d’amour et sa conversion à l’Islam. Il parvient à nous faire découvrir la vie d’un jeune homme issu d’une cité, loin des clichés, en nous invitant à rentrer dans un monde fait de bitume et de béton, qu’Abd al Malik parvient à rendre presque poétique.

abd-al-malik-est-porte-parole-du-vivre-ensemble_347515_510x255« Qu’Allah bénisse la France » est avant tout un film de contraste, magnifiquement illustré par le choix d’Abd al Malik de filmer en noir et blanc. Régis (c’est le prénom de baptême de l’artiste), interprété par Marc Zinga, grandit au sein d’un quartier défavorisé de Strasbourg, au sein duquel il est très tôt confronté à la délinquance.

Entre vol à la tire et vente de stupéfiants, le jeune homme connait le sang et les larmes avec la perte de certains de ses amis morts d’overdoses ou tués. Il se réfugie dans la littérature et, épaulé par l’un de ses professeurs, excelle dans les études où il sortira diplômé d’un double master en philosophie et lettres classiques.

C’est ensuite l’amour qu’il rencontre avec Nawel, une jeune marocaine qui va lui faire découvrir l’Islam et le soufisme, dont les doctrines vont changer sa vie. Encore une fois, Abd al Malik parvient à éviter les stéréotypes et offre une vision de l’Islam sincère, spirituelle et ouverte, dans une période où une certaine France dévoile une islamophobie croissante.

Des premiers pas au cinéma prometteurs

Abd al Malik signe son premier long métrage avec « Qu’Allah bénisse la France » et ses débuts dans le monde cinématographique semblent prometteurs. Selon les sources d’AlloCiné, les spectateurs l’ont noté – pour le moment – 3,3/5 tandis que la presse lui offre un 3/5. Pour n’en citer que quelques-uns, la Voix du Nord déclare « Qu’Allah bénisse la France » brise les clichés, balaye les amalgames, vise à réduire la fracture culturelle et religieuse, ou le Monde d’écrire « Qu’Allah bénisse la France » n’est pas le manifeste que son titre pourrait laisser deviner, plutôt un autoportrait en forme de cri de triomphe sur l’adversité.

C’est d’ailleurs une belle revanche qu’Abd al Malik prend sur les médias qui l’ont, dans le passé, trahi – c’est une séquence du film – un journaliste jouant un double jeu en rapportant un article erroné à son sujet.

Abd al Malik : un message de tolérance, un combat pour l’égalité

Abd al Malik offre, à travers « Qu’Allah bénisse la France », un message de tolérance et d’espoir, sur fond de violence et de délinquance. Les premiers mots du film, « il était une fois, toutes les histoires commencent comme ça » traduisent la force de caractère de l’artiste, qui, au-delà des moments durs du passé et du présent, se tourne vers l’avenir en affirmant « qu’il faut continuer à rêver ».

Abd al Malik ajoute d’ailleurs que le cinéma peut être source de crime puisque lui-même a vu, durant sa jeunesse, la violence et le banditisme inspirés directement de personnages de cinéma, tel que Toni Montana dans Scarface. Le réalisateur souhaite donc donner une autre force au cinéma en espérant insuffler un exemple d’acceptation et d’ouverture d’esprit à une France de plus en plus ségréguée.

Amalgame entre Islam et extrémisme, informations erronées des médias de masse, montée du Front National sont autant de thèmes « Qu’Allah bénisse la France » tente de combattre en s’alliant à l’arme principale de l’artiste, l’intellect de ses mots.

 

Un commentaire »

  1. Fanny Plaisance 3 février 2015 at 20 h 35 min - Reply

    Pour une fois un regard sur le monde de la banlieue qui sort de l’habituel discours de la victimisation.

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