Saïd Naciri pousse le Maroc vers les sommets

Auteur 30 décembre 2017 0
Saïd Naciri pousse le Maroc vers les sommets

Businessman discret et accompli, homme politique reconnu à l’échelle national, et acteur principal du renouveau du football marocain de ces dernières années, Saïd Naciri collectionne les casquettes avec tout l’aplomb qui caractérise le personnage, quitte parfois à froisser quelques susceptibilités autour de lui. L’homme décide de tout, confortant son image d’homme-orchestre empochant de belles victoires – pas seulement sur le terrain – à la tête d’un club qu’il gère avec poigne.

Juin dernier, le Wydad Athletic Club remporte son deuxième titre de champion national. Les rouges de Casablanca, déjà sacré en 2015 et second de l’exercice 2016, affichent un tableau de chasse impressionnant depuis la reprise en main du club par Saïd Naciri.

Né en 1969 dans les environs de Zagora, une oasis du sud du pays, d’un notable du petit village de Tamegrout, Saïd Naciri quitte sa région très jeune. Mais l’homme d’affaire qui a fait fortune à Casablanca reste attaché à sa région natale, et c’est comme député de la ville de Zagora qu’il se lance dans la politique sous la bannière du parti Authenticité et Modernité (PAM) en 2011. « J’ai été convaincu par leur projet politique à la création du parti », explique sobrement cet ami proche d’Ilyas El Omari, le secrétaire général de la formation. Entre 2011 et 2015, l’enfant du sud conquiert petit à petit la grande métropole, il remporte un siège au conseil de Casablanca lors des régionales en 2015 et un fauteuil de député l’année suivante.

Discret sur ses affaires mais volubile pour évoquer sa passion du sport

La réussite de ce diplômé d’une école d’informatique modeste de Casablanca reste entourée de mystère. Si, officiellement, son nom n’est associé qu’à deux entreprises certes florissantes, la société immobilière AK Promotion et la radio Medina FM , cela ne constituerait que la partie émergée d’un solide iceberg, et d’aucuns estiment sa fortune à quelques centaines de millions de dirhams marocains. « Tout ce que je peux vous dire, c’est que mes affaires me permettent de vivre » répond-il sur un ton direct et fier.

Saïd Naciri dit être arrivé au football par passion, et ses résultats parlent pour lui, mais le sport constitue également un excellent moyen de réseautage politique. « Enfant, quand on jouait dans le quartier, les copains me demandaient de faire le gardien de but, et j’étais fan de Baddou Zaki, légendaire gardien de la sélection marocaine qui officiait dans les cages du Wydad, dont je ne ratais aucun match », rétorque-t-il à ceux qui moquent son opportunisme.

Marche après marche, jusqu’au top du football marocain

L’aventure à la tête des rouges commence fin 2013, quand les supporters du club font le pied de grue devant le stade pour réclamer le départ de l’ex-président à coups de « Akram Irhal » (« Akram dégage »), un slogan entendu lors du Printemps arabe. C’est le moment choisi par Saïd Naciri, adhérent depuis 1999 et qui a occupé des responsabilités au sein du comité du club, pour sortir de sa boîte.

Une course à la présidence qu’il mène finalement seul, son unique concurrent préférant se retirer à la veille du vote en juin 2014. Il poursuit son ascension en étant nommé à la tête de la Ligue nationale (LNFP) et forme, avec Fouzi Lekjaa, le président de la fédération (FRMF), un duo inséparable. « Nous partageons la même vision quant à l’avenir du football au Maroc et nous voulons hisser ce sport au niveau supérieur ». Une confiance réciproque qui a nourrit les pires soupçons de corruption sur les réseaux sociaux, trahissant l’image détestable des dirigeants du football marocain aux yeux du grand public.

Des voix en coulisses pour dénoncer une présidence parfois autocratique

Un président qui n’a pas que des partisans, même au sein de son propre club où certains fustigent les décisions d’un homme qui fait le vide autour de lui. « J’ai été élu pour ça ! » se défend-il, louant son bilan sportif et financier. L’endettement de 40 millions de dirhams (3,6 millions d’euros) à sa reprise est définitivement derrière le club, et les rouges enchainent les succès et se sont même bien illustrés sur la scène internationale lors du dernier Mondial des clubs remporté aux Emirats arabes unis par le Real Madrid.

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