De tous les continents c’est désormais l’Afrique qui connaît la plus forte croissance en matière d’urbanisation avec 5% à 7% de citadins en plus chaque année : 400 millions d’Africains vivent aujourd’hui en milieu urbain, soit 40% de la population et l’ONU-Habitat estime qu’ils seront 60% en 2050. L’Afrique se voit ainsi confrontée à une double problématique : accueillir un très grand nombre de nouveaux citadins et faire face à leur arrivée très rapide.
60% des citadins en Afrique subsaharienne vivent dans des bidonvilles
La difficulté pour résoudre cette double équation vient du fait que cette urbanisation n’est pas associée à un développement industriel ou économique suffisant, si bien que les nouveaux arrivants, souvent sans ressources, sont contraints de vivre dans des logements non adaptés, la plupart du temps totalement insalubres du fait du manque d’anticipation des pouvoirs publics. Cette situation de précarité qui s’est beaucoup améliorée dans les pays du Maghreb reste celle d’une très grande majorité des citadins de l’Afrique subsaharienne puisqu’on estime que 60% d’entre eux vivent dans des bidonvilles. On estime également que seuls 20% des citadins africains sont approvisionnés en eau potable et que 10% sont raccordés à un réseau d’assainissement.
On comprend aisément que cette urbanisation, à laquelle les gouvernements ne savent pas toujours faire face, engendre des problèmes de salubrité et d’insécurité. En effet, la majorité des citadins d’Afrique vivent dans des conditions les exposant à des affections directement liées à leurs conditions de vie, notamment le problème de l’eau potable et de l’assainissement.
Il est donc urgent que tous les états africains se dotent de politiques d’urbanisation efficaces afin de faire de ce peuplement des villes non plus une source de pauvreté mais au contraire un facteur de développement pour tous.
L’aménagement urbain : une priorité
La situation a déjà évolué pour les habitants de certains bidonvilles dont les conditions de vie se sont sensiblement améliorées depuis quelques années, même si elles demeurent encore précaires. Les gouvernements de nombreux pays africains ont pris la mesure du problème et font de l’aménagement urbain une de leurs priorités. Le chantier est immense au regard de l’importance de la population pour laquelle il est nécessaire d’améliorer voire de créer des infrastructures, des équipements et bien sûr de nouveaux logements. Ce défi pour les politiques urbaines pourrait constituer un élan nouveau car la réalisation de ces villes dont l’Afrique d’aujourd’hui, et plus encore de demain, a besoin est un vivier d’emplois au niveau local. Cette urbanisation, pour peu qu’elle soit anticipée et planifiée devrait ainsi constituer une chance pour l’Afrique, surtout si cet effort porte non pas sur les seuls quartiers déjà bien dotés mais sur toutes les zones urbaines et aussi sur toutes les villes, pas seulement sur les capitales : en effet 50% des citadins du continent africain vivent dans des villes de moins de 200 000 habitants, et selon les prévisions de l’ONU-Habitat c’est dans ces villes qu’est attendue la plus forte progression dans la décennie qui vient.