A part le pétrole, qu’ils ont tous deux à profusion, rien ne devrait rapprocher l’Angola, ancienne colonie portugaise du sud-ouest de l’Afrique, et les Emirats Arabes Unis. Les deux pays devraient cependant prochainement signer des accords commerciaux, débutant une coopération dans les secteurs agricole et industriel.
Des situations de départ contrastées
Pays ravagé par 27 années de guerre civile, qui ne se sont terminées qu’en 2002, l’Angola n’avait plus au début du millénaire ni routes ni ponts ni usines. Ses campagnes sont truffées de plus de 6 millions de mines antipersonnel qui font tous les ans des milliers de victimes et poussent les paysans à s’installer en ville .
Au contraire, les Emirats Arabes Unis semblent être un havre de paix et de prospérité. Assis sur une des plus importantes mannes pétrolières du monde, le pays compte, en 2011, un PIB par habitant (Produit Intérieur Brut –la richesse produite par le pays divisée par le nombre d’habitant) parmi les plus élevés juste devant l’Allemagne.
Une explication à l’intérêt des Emirats Arabes Unis pour l’Angola : leur sécurité alimentaire !
Terre désertique, dont l’eau potable provient d’usines de dessalement, et sans ressources agricoles à part la pèche, la situation des Emirats Arabes Unis est fragile. Leur dépendance alimentaire vis-à-vis de l’étranger limite leur souveraineté. Et augmenter la production agricole nationale, donc irriguer par des eaux issues des usines de dessalement, est trop onéreux.
La situation est inverse en Angola. Si le pays possède l’une des plus importante réserve de terres arables (riches terres cultivables) au monde, il n’en exploite que 2.9 millions d’hectares sur 5 millions. Et le plus souvent, les paysans pratiquent sur ces terres cultivés une agriculture de subsistance bien peu productive.
En investissant dans l’agro-alimentaire en Angola, les Emirats Arabes Unis sécurisent leurs importations alimentaires en diversifiant sa provenance. Ils chercheront aussi à augmenter la productivité agraire des terres angolaises, par l’utilisation de pesticides et d’engrais, et par les connaissances d’agronomes sur le terrain. L’Angola, dans son ensemble, pourrait bénéficier de cet investissement.
Les ressources de l’Angola : des biens nationaux qui intéressent les étrangers
L’Angola, sorti du marasme politique et économique en 2002, n’a presque pas d’ingénieurs, de techniciens et d’experts. Le manque de ressources humaines angolais entraine le trust des places par les compagnies étrangères. La signature des accords entre les deux pays pourrait signifier simplement que les Emirats veulent eux aussi exister dans la région.
Le pétrole est la ressource la plus convoitée. Mais si l’augmentation de la production de l’or noir reste le meilleur moyen de faire rentrer des devises étrangères dans le pays, seule une élite angolaise très restreinte profite effectivement des retombées.
Ceci pourrait changer avec la loi imposant, dès juillet 2013, de faire régler aux compagnies étrangères leur dépense en monnaie locale, et non plus en dollars , les obligeant ainsi à passer par les banques nationales. Cette tentative de récupération de la manne pétrolière est risquée et mal appréciée des partenaires de l’Angola, mais elle pourra permettre de diminuer sa dépendance au pétrole et créer une ressource financière supplémentaire.
Des accords commerciaux bilatéraux ?
Les Emirats Arabes Unis ont raison de s’intéresser à un pays comme l’Angola, dont le potentiel agricole et industriel est très important. Surtout que ce dernier ne semble pas disposé à dilapider ses ressources. On peut donc espérer que les accords à venir entre les deux pays soient bilatéraux, et prennent en considération les besoins de l’Angola pour assurer son développement économique !