L’entreprise africaine Hopscotch et l’hebdomadaire français Le Point ont réalisé une étude pour mesurer l’attractivité en ligne de 50 banques du continent africain. C’est la première fois qu’un classement se focalise sur le succès des établissements bancaires sur Internet et leur présence sur les réseaux sociaux.
Le Nigéria en tête
Afin de réaliser leur classement, Hopscotch et Le Point ont sélectionné 50 banques africaines réparties dans une douzaine de pays afin d’observer l’impact de leur communication digitale sur leurs clients pendant un mois. Résultat : 40% des plus efficaces sont en Afrique du Nord et 28% en Afrique de l’Ouest. Mais c’est le Nigéria qui est le mieux représenté avec 12 banques sur le podium, le Maroc avec 8 et l’Afrique du Sud et l’Égypte avec, chacune, 7 banques sur le podium.
Au total, sur les 5 banques les plus populaires du continent grâce à leur communication digitale, 4 sont nigérianes. En 4ème position, on trouve le Standard Bank Group d’Afrique du Sud, qui est également la banque la plus populaire au monde. Mais la First Bank of Nigeria décroche la première position.
Google, Facebook et Twitter
Pour arriver à leur conclusion, Hopscotch et Le Point ont recensé le nombre total de liens indexés par le moteur de recherche Google contenant le nom des banques. La banque nigériane Bank of Africa Group dépasse ainsi les 100 millions de résultats lors d’une requête sur Google.
Un autre indicateur repose sur l’étude des liens suggérés par la première page des résultats sur Google pour témoigner de l’effort de maîtrise et de contrôle de la réputation de l’établissement bancaire. La nature des liens maîtrisés regroupe majoritairement les sites Web officiels des banques, les liens qui renvoient vers le siège social des banques, les comptes LinkedIn et les services financiers mobiles.
Les réseaux sociaux ne sont pas en reste puisque le classement prend en compte le « bruit » généré par le réseau social de micro-blogging Twitter. Résultat : les 5 banques dont on parle le plus réunissent 68% des mentions recensées. De plus, la puissance communautaire est mesurée par l’interaction de ces banques avec leurs publics au travers d’une page Facebook. Sur les 50 banques classées, seules 4 n’ont pas de réseau Facebook, ce qui les met en queue de classement.
Au contraire, la banque nigériane Guaranty Trust Bank, créée en 1991, est en tête de l’interaction communautaire avec plus de 2 millions de personnes inscrites sur Facebook pour suivre l’actualité de la banque. La communauté et son interactivité est en réalité l’indicateur qui permet aux 5 première banques du classement d’arriver en tête. Ainsi, le volume des publications sur Facebook et la forte interaction des banques avec leurs publics sont les indicateurs qui donnent le plus de poids à la communication digitale en ligne des établissements bancaires.
La révolution bancaire passe par le mobile africain
Influence, vivacité de l’interaction, engagement envers le public et puissance communautaire font les forces de la communication digitale. L’accès aux services financiers est donc au cœur de la stratégie des banques. En effet, au sein du classement, 1 banque sur 3 dispose d’une application mobile permettant aux clients de se connecter à distance sur smartphone ou tablette pour accéder aux services proposés.
De manière plus générale sur le continent, la région subsaharienne est celle qui compte le plus grand nombre d’utilisateurs de services financiers sur mobile. Le potentiel du seul marché des paiements mobiles dans cette zone géographique est évalué à 1,5 milliard de dollars en 2019. Plus de la moitié de la population âgé de 15 ans et plus est en effet abonnée à une offre de téléphonie mobile.
De même que le continent africain a brûlé l’étape de la téléphonie fixe pour passer directement à celle du téléphone portable, les banques africaines sont en train de sauter l’étape de la banque en ligne pour celle de la banque mobile. Toutefois, la bancarisation africaine est inférieure à 20% dans certaines régions d’Afrique subsaharienne. C’est pour cette raison que les taux de bancarisation mobile sont parmi les plus hauts du monde, tout comme ceux des réseaux financiers informels, comme des associations qui mettent en commun l’épargne de tous au profit de chacun. Les services mobiles financiers sont utilisés en majorité pour permettre aux ouvriers de recevoir leurs salaires ou de l’envoyer à une partie de leur famille qui ne vit pas en zone urbaine.
Kenya : la progression la plus saisissante
En Afrique de l’Ouest, les services financiers mobiles favorisent également l’inclusion financière. Cette région bénéficie d’un des développements les plus rapides du mobile en Afrique. Malgré le classement de la communication digitale qui met le Nigéria en tête, c’est au Kenya que l’on assiste à la progression la plus saisissante. Le pays compte 2000 bureaux d’agences bancaires et plus de 83 000 boutiques de services financiers mobiles. Le SMS est devenu un très grand accélérateur social, économique et financier sur le continent. La « sms économie » y est florissante car le message est devenu un instrument bon marché par excellence. Le téléphone portable devient alors une véritable carte bancaire virtuelle.
C’est ainsi que de nombreux partenariats sont nés entre banques et opérateurs de téléphonie mobile. Pour ces derniers, proposer un service financier mobile permet de présenter des avantages très compétitifs à l’échelle du continent. Voilà de quoi mettre la banque à portée de tous.