Poursuivant un objectif de devenir un pays majoritairement industriel, le Cameroun a intégré fin 2022 l’Africa Finance Corporation, un organe multilatéral chargé de financer des projets d’infrastructures sur le continent africain. Perspectives.
Le Cameroun est ainsi devenu le 36e Etat membre de l’Africa Finance Corporation (AFC). Il s’agit d’une organisation multilatérale qui date de 2007 et dont le siège se trouve à Lagos, au Nigéria. Le but poursuivi par l’AFC est d’aider les pays africains à financer des infrastructures d’ampleur sur l’ensemble du continent. Depuis sa création, elle a déjà investi 10 milliards de dollars.
Pour le Cameroun, appartenir à cette organisation constitue une opportunité intéressante dans son objectif de devenir un pays manufacturier et industriel. Suivant le plan du gouvernement intitulé Vision 2035, le Cameroun aspire à ce que son PIB dépende à 40 % du secteur de l’industrie. L’intégration au sein de l’AFC permettra donc de bénéficier de davantage de financements en matière d’infrastructures routières et d’usines pour transformer les produits de l’agriculture du pays.
300 millions de dollars déjà investis au Cameroun
Le Cameroun exporte beaucoup, que ce soit pour l’agro-alimentaire (cacao, soja, maïs et manioc), l’énergie (pétrole et gaz), le textile (coton) et la transition énergétique (cobalt et nickel). En disposant de ses infrastructures de transformation de ressources naturelles et de réseaux routiers ou ferroviaires de qualité, le Cameroun espère augmenter le transfert des compétences vers son territoire. Pour faciliter le financement de ces infrastructures, le gouvernement compte aussi beaucoup sur les partenariats privés-publics, très en vogue sur le continent.
La naissance d’un Cameroun industriel pourrait favoriser l’entrée du pays dans un cercle vertueux avec la création d’emplois et un ralentissement de la fuite des cerveaux. Toutefois, le chemin demeure encore long, malgré les 300 millions de dollars déjà investis par l’AFC au cours des dernières années. En effet, avant l’engagement officiel du Cameroun, l’AFC avait déjà participé à des projets sur le territoire camerounais. Ce fut par exemple le cas en 2014 lorsqu’elle a aidé à moderniser la société nationale de raffinage (SONARA). Elle a aussi investi en 2018 dans la société hydroélectrique du Nachtigal.
L’AFC déjà auteur d’investissements de grande envergure
L’AFC, quant à elle, possède une vision panafricaine à court et long terme. Les organisations multilatérales prêchent en ce sens et cherchent à rallier un maximum d’acteurs au sein du continent. En février 2022, un communiqué publié par la Zone de Libre Echange du Continent Africain (ZLECAF), exhortait les entreprises et gouvernements de l’ensemble du continent à privilégier les ententes panafricaines dans un but de développement. En 2023, plus de la moitié des pays d’Afrique comptent parmi les membres de l’AFC, qui a prouvé son utilité à travers des financements majeurs lors de ses 16 premières années d’existence.
Parmi ses derniers investissements d’envergure, on peut citer les 150 millions de dollars dans les actifs de la Zone Économique Spéciale (ARISE) du Togo et du Bénin, qui prévoient la construction d’écosystèmes industriels et logistiques. On peut aussi évoquer les 130 millions d’euros investis dans l’ASECNA, l’agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar afin d’optimiser les services de gestion de trafic aérien. Il y a également un projet d’éolienne à 62,2 millions de dollars à Djibouti.
En termes de succès retentissants, il y a la création de la première zone industrielle neutre en carbone du continent africain, qui a vu le jour au Gabon grâce à l’AFC. Cette zone, appelée zone économique spéciale de Nkok, a généré plus de 30 000 emplois en faisant du Gabon le premier exportateur mondial de bois de placage.
Tous ces investissements ont favorablement bouleversé les régions où l’AFC a décidé de soutenir des projets. Ces améliorations, le Cameroun aimerait en profiter à l’avenir et faire basculer le pays dans une nouvelle ère.
Photos : lefinancierdafrique.com et africafc.org