En avril 2014, se tiendront les prochaines élections générales en Afrique du Sud. Depuis la fin de l’apartheid, l’ANC (African National Congress) a toujours eu la faveur des suffrages. Mais avec la disparition de Nelson Mandela, la succession de scandales touchant les leaders de ce parti centenaire, les prochains scrutins s’annoncent plus ouverts qu’à l’accoutumée.
Au cours de la cérémonie d’hommage posthume à Nelson Mandela, Jacob Zuma, actuel président de l’Afrique du Sud a été conspué par la foule chaque fois qu’il est apparu sur des écrans géants. Les caméras du monde entier ont ainsi témoigné de l’extrême impopularité du chef de l’état sud-africain. Plus que jamais, l’homme fort de Pretoria est sur la sellette. Pourtant, en décembre 2012, Jacob Zuma avait été plébiscité par les délégués de l’ANC. S’il fait peu de doute qu’il sera le candidat principal des prochaines élections. Au rythme où évolue la société sud-africaine, rien ne dit, qu’il sera le favori à sa propre succession.
Epouses et concubines
En situation de quasi-hégémonie sur le territoire sud-africain, l’ANC garde toutes ses chances pour décrocher la présidence du pays. En effet, qui remporte les élections internes du parti, organisées tous les cinq ans, est quasiment assuré d’être élu à la tête de l’Afrique du Sud. Le Congrès National Africain, créé en 1912, reste la principale force politique du pays avec près d’un million de membres.
Toutefois, la personnalité de Jacob Zuma et l’échec de sa politique, font naitre quelques inquiétudes chez les partisans de l’ANC. En effet, Jacob Zuma est empêtré dans de nombreux scandales. La rénovation de sa résidence privée de Nkandla, 22 millions d’euros aux frais du contribuable, est très mal perçue dans un pays où nombreux sont ceux qui vivent dans une très grande précarité.
Son style de vie est également montré du doigt. Jacob Zuma est polygame, on lui connait quatre épouses, des concubines et une vingtaine d’enfants. Dans une république qui affiche sa modernité, ces manières passent mal.
Enfin, sa difficulté à relancer l’économie jette le doute sur ses capacités à prendre en main le destin du pays. L’Afrique du Sud connait un taux de chômage record, 25% ; les inégalités et la pauvreté y sont chroniquement élevées, et le secteur de l’extraction des richesses naturelles est en sous-production à cause de l’obsolescence des infrastructures. Une situation qui attise les mécontentements, d’autant que le continent africain connait lui une période de relative prospérité, + 4,8% de croissance en 2013.
Reprendre les terres aux blancs
Il n’en fallait pas plus pour susciter de nombreuses vocations parmi les adversaires de l’ACN. Voulant profiter du remous causé par ces scandales en série, des partis d’envergure modeste tentent de s’engouffrer dans la brèche. Notamment les « combattants pour la liberté économique » (EFF) du populiste Julius Malema et « Agang » (« Construisons » en sotho) de l’ancienne combattante anti-apartheid Mamphela Ramphele.
Julius Malema, leader de l’EFF, est le candidat qui attire le plus les déçus de l’ANC. Cet ancien chef de la ligue de la jeunesse du Congrès national africain, est le partisan de solutions radicales pour redresser le pays. Sa mesure phare consiste en la redistribution « sans compensation » des terres des fermiers blancs. Un discours populiste qui contribue à faire grimper sa cote de popularité auprès de l’immense majorité noire sud-africaine qui vit toujours dans une extrême pauvreté. Et ce, bien qu’il soit sous le coup de 55 chefs d’inculpation, dont : blanchiment d’argent, corruption et racket. Son procès, très médiatique, a été reporté après les élections.
Tentative d’ouverture
Mamphela Ramphele, ancienne figure de la lutte contre l’apartheid, tente quant à elle, de séduire la classe moyenne noire. Son discours est axé sur la compétence, l´intégrité et la modernisation du pays.
En dehors de ces nouveaux partis, l’opposition classique, incarnée par l´Alliance démocratique, semble aujourd’hui en perte de vitesse. Composé majoritairement de blancs, ce parti est à la recherche d’un second souffle pour espérer contester la suprématie de l’ANC. Son leader, Helen Zille, cherche à ouvrir ses rangs à d’autres courants. C’est ainsi que Buyelekhaya Dalindyebo, le roi des Thembu – la tribu de Nelson Mandela – a rejoint dernièrement la formation. Pour l’Alliance Démocratique, il s’agit de faire la démonstration de ses capacités à réunir au-delà de la sphère de la minorité blanche. Enfin, le Congrès du peuple (Cope), qui a vu le jour en 2008, est miné par d´interminables divisions internes.
Il n’en demeure pas moins que pour les observateurs, le principal adversaire de l’ANC restera en 2014, l’ANC lui-même.