L’aéroport Ahmed Ben Bella, anciennement nommé Es Sénia, à Oran, avait démarré en septembre 2017 la construction de la deuxième plus grande centrale photovoltaïque sur toiture d’Afrique. La société algérienne Soliwind, avait détaillé dans un communiqué de presse les raisons et les objectifs de ce projet d’envergure. Avec ce projet, l’Algérie prouve qu’elle souhaite participer au combat contre le réchauffement climatique.
Un projet unique
Grâce à ses 5362 panneaux photovoltaïques, la nouvelle aérogare (terminal 2) de Ben Bella produit désormais 2 millions de Killowatt-heure (kWh) chaque année. Ainsi, l’aéroport d’Oran peut désormais assurer de manière autonome 30 % de ses besoins en électricité. De plus, l’installation permet également une réduction des gaz à effet de serre (GES) d’environ 900 tonnes de dioxyde de carbone par an.
Si l’Inde ou les Etats-Unis ont déjà investi dans les énergies renouvelables pour ses aéroports, c’est dans la forme que Soliwind innove. Généralement disposés au sol (sur les parkings ou le long des pistes), l’aéroport Ben Bella fait figure de précurseur en installant les siens sur sa toiture. Au-delà de son impact écologique, le nouveau terminal permettra également d’accueillir trois fois plus de passagers. Une amélioration doublement nécessaire.
Une maîtrise et une autonomie énergétique salvatrice
Ces résultats s’inscrivent avec brio dans la politique de transition énergétique voulue par le gouvernement algérien. Plus qu’une réussite technologique, le dispositif photovoltaïque pourrait devenir le symbole de la politique économique algérienne globale de plus en plus tournée vers les énergies renouvelables.
En effet, depuis les années 2000, la demande en énergie de l’Algérie est en croissance régulière, due aussi bien à une constante augmentation de la population, que de l’amélioration du niveau de vie. Le pays ne pouvait plus se contenter de s’alimenter uniquement via les énergies fossiles, dont elle a longtemps été dépendante. Ajouté à cela des facteurs géopolitiques souvent fluctuants, l’Algérie se devait de réagir rapidement et efficacement, ne serait-ce que pour conserver une indépendance économique, face aux pays riches en pétrole.
Un défi devant lequel le gouvernement algérien n’a pas reculé. Mieux encore, il a su le transformer en opportunité, en réaffirmant sa volonté de s’imposer à l’avant-garde du combat contre le réchauffement climatique, mais aussi pour sortir de l’économie rentière. À chaque nouveau pas vers l’autonomie énergétique, l’Algérie avance également vers une indépendance économique.
Un modèle qui se répand en Afrique
Cela fait longtemps que le secteur aérien est pointé du doigt comme étant l’un des principaux responsables des émissions mondiales de CO2. Sur le continent africain, si la démarche est encore récente, elle se multiplie considérablement depuis quelques années.
L’Algérie n’est que le deuxième pays à franchir le pas, l’Afrique du Sud l’ayant devancé avec l’aéroport de George. En effet les 2000 panneaux solaires de ce petit aéroport de la pointe sud du pays permettent de fournir presque le double de la quantité d’énergie nécessaire à son fonctionnement. Le surplus de production est ensuite revendu au fournisseur national.
On pense également au Kenya, où l’on guette l’arrivée d’une centrale au sol pour permettre l’utilisation de l’énergie photovoltaïque dans l’aéroport international de Moi, à Mombasa. La société britannique Solarcentury, responsable du projet, prévoit que les travaux seront terminés d’ici la fin d’année 2019. Cette initiative se démarque notamment par l’installation d’une solution de stockage d’énergie l’alimentation en air conditionné au sol. Encore un excellent moyen de réduire le coût environnemental des appareils lors de leurs arrêts sur les pistes.
On pourrait continuer en évoquant l’aéroport de Douala, au Cameroun, ou de Kotoka, au Ghana, également en voie d’obtenir des sites aériens plus «éco-responsables». Pour conclure, il convient de saluer les prises de conscience et de position de nombreux pays africains. Si l’Afrique a toujours été connu comme «le continent des matières premières», celui-ci a clairement entamé sa transition vers l’énergie verte. Une ressource que beaucoup d’experts estiment à la fois salutaire pour l’environnement, mais également pour une économie plus forte et indépendante.