Presque 5 ans d’attente. Le Président américain Barack Obama effectuera, fin juin, une tournée majeure sur le continent africain. Un itinéraire bien choisi par rapport à des pays méritants qui correspondent au cheminement de développement idéal, selon la vision américaine.
Le Sénégal, l’Afrique du Sud et la Tanzanie. Trois pays choisis par l’administration Obama pour la première grande tournée du Président américain. Un choix qui n’est pas fortuit, il est lié aux efforts fournis par ces pays en matière de démocratie et de développement économique. Ces nations africaines sont considérées par Washington comme des modèles pour le continent. Selon les termes du président américain ces pays ont des socles de « démocratie solide». C’était lors de la visite du président sénégalais Macky Sall et trois autres dirigeants africains élus, fin mars. L’homme fort de la Maison blanche avait inlassablement promis que les Etats-Unis resteraient des « partenaires inconditionnels » des pays africains démocratiques. Cette thématique revient inlassablement lorsque la relation entre États-Unis et Afrique est évoquée.
Le pays de l’Oncle Sam a l’avantage de ne pas avoir eu un lien traumatique avec le Continent noir. Les États-Unis n’ont pas eu un passé commun entremêlé avec l’Afrique qui aurait pu laisser de mauvais souvenirs, comme la colonisation. Les « racines » africaines d’une large frange de la population nord-américaine sont également une base affective pouvant rapprocher les deux continents. L’élection de Barack Obama aurait dû être un atout supplémentaire dans l’affirmation de la relation qu’entretiennent les États-Unis avec le Continent noir. Les précédents locataires de la maison blanche avait déjà donné le « la ». Georges Bush Jr avait nommé deux secrétaires d’État afro-américains : le général Collin Powel et Condoleezza Rice.
Vision réduite
En 2008, la planète tout entière avait salué l’élection historique de Barack Obama, le premier président afro-américain. L’Afrique avait rendu hommage à la réussite de l’un de ses petits-fils, dont une grande partie de sa famille élargie réside toujours au Kenya. Néanmoins, l’élection de Barack Obama n’a pas apporté les réels changements escomptés dans la relation États-Unis-Afrique. D’ailleurs, le bilan de son premier mandat par rapport à l’Afrique est assez mitigé. La politique américaine s’est plutôt axée sur la lutte contre le terrorisme. La vision américaine à l’égard de l’Afrique s’est largement réduite par rapport aux régimes précédents lors du premier mandat d’Obama. La lutte contre le terrorisme est devenue l’un des domaines prioritaires au détriment du secteur économique.
Des présidents comme Bill Clinton ou Georges Bush Jr en ont plus fait que Barack Obama lors de son premier mandat. C’est d’ailleurs durant le quadriennat de Bill Clinton que l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) a été ratifiée. C’est l’une des pierres majeures dans l’édifice de la relation économique américano-africaine actuelle. D’une manière globale, Barack Obama a préféré suivre les sillons tracés par ses prédécesseurs. Les piliers de sa politique envers l’Afrique se sont orientés autour de cinq axes : la consolidation de la démocratie, l’appui à la croissance économique, la poursuite de l’assistance au secteur sanitaire, l’appui pour la prévention et la résolution des conflits et le développement des partenariats pour faire face aux défis transnationaux. Bref, rien de neuf sous les tropiques.
Pour Barack Obama, le tableau n’est pas entièrement noir. Il a contribué à asseoir la stabilité dans certaines régions du Continent noir. En 2011, il a envoyé une force spéciale en Ouganda afin de neutraliser l’Armée de Résistance du Seigneur de Joseph Kony. La formation, l’approvisionnement d’équipement et la sponsorisation des exercices militaires conjoints avec les armées africaines privilégiée comme celle du Ghana qui ont commencé lors du premier mandat n’ont pas changé non plus. Les États-Unis soutiennent également la lutte contre le terrorisme en Afrique, sous l’impulsion d’Obama.
Rien de neuf sous les ponts
Le second mandat d’Obama est donc un examen de repêchage. Obnubilés par les questions d’ordre sécuritaire, les États-Unis ont cédé du terrain, sur le plan économique, par rapport à la Chine. Le dragon est en passe d’accaparer toutes les ressources à l’échelle de la planète. L’Afrique et sa forte potentialité en matière première attirent tout naturellement les investisseurs de l’Empire du milieu. Le commerce bilatéral entre la Chine et l’Afrique est passé de 10 milliards de dollars en 2000 à plus de 160 milliards en 2011. Dès 2009, les États-Unis ont été relégués au second rang par la Chine en tant que premier partenaire commercial de l’Afrique. Même si le pays de l’Oncle Sam absorbe 26% des exportations africaines, seul un petit nombre de partenaires jouit d’une réelle opportunité d’échanges avec eux, le Nigéria et l’Afrique du Sud notamment.
La prochaine tournée en Afrique d’Obama s’annonce capitale, tant pour les États-Unis que pour le Continent noir. Un retour aux sources qui devrait s’articuler autour de la démocratie mais également autour de l’extension de la croissance économique, l’investissement, le commerce et l’émergence d’une nouvelle élite africaine. Un impératif des deux côtés.