La fondation Schwab, une plateforme visant à faire la promotion de l’entrepreneuriat social, a livré le nom des gagnants du titre d’Entrepreneur Social Africain de l’année 2014. La remise des titres a eu lieu à Abuja, au Nigéria, lors du Sommet économique mondial. 6 personnalités ont été sélectionnées parmi les 20 lauréats et ont été récompensées pour avoir pensé et mis en place des business model innovants qui ont été à l’origine d’avancées sociales considérables. Ainsi Patrick Awuah, ghanéen, a été récompensé pour avoir fondé l’Université Asheshi, répondant ainsi à un besoin de l’Afrique pour plus d’innovation et de leadership, dans le respect des principes éthiques. L’école qu’il a créée a vocation à former les entrepreneurs de demain en délivrant des enseignements en business et en informatique d’un niveau supérieur à celui moyen du Ghana. Elle veut aussi les préparer à être des leaders responsables et intègres, respectueux des principes moraux, même en affaires. Ashifi Gogo est le fondateur de Sproxil, une société de lutte contre la contrefaçon, en particulier médicamenteuse, un problème extrêmement coûteux financièrement et sur le plan de la santé publique. Sproxil a développé une technologie mobile qui permet à un utilisateur de savoir immédiatement si le médicament qu’il achète est authentique ou contrefait. Il lui suffit d’envoyer gratuitement par SMS le code d’authentification du produit. Une technologie développée au Nigéria, Sproxil s’est étendu à 5 pays aujourd’hui et a reçu de nombreux prix, auxquels vient s’ajouter celui d’Entrepreneur Social de l’année 2014. Martin Kariongi Ole Sanago, autre entrepreneur social à avoir reçu le titre, a fondé l’IOPA (Institute for Orkonerei Pastoralists Advancement) une organisation indigène basée dans le Nord de la Tanzanie. L’IOPA a pour objectif d’améliorer la vie de la tribu Masaï et d’autres tribus vivant de l’élevage tout en protégeant leur identité et leur droit à décider de leurs styles de vie. L’organisation les aide, ainsi que de nombreuses autres communautés indigènes, à passer d’une économie de subsistance à une économie durable dans le respect de leur culture. Elle invite les tribus à s’auto-évaluer et agir collectivement en vue d’une existence moins rude et leur enseigne également un savoir-faire vétérinaire afin de maintenir leurs troupeaux en bonne santé.
NTIC et Social Business
Jay Kimmelman and Shannon May ont également reçu le titre d’Entrepreneur Social de l’année. Ils sont les fondateurs de Bridge International Academies, une chaine de garderies et d’écoles primaires ayant vocation à offrir à chaque enfant un accès à une éducation de qualité sans regard pour sa situation financière. Partant du constat qu’il existe un vaste « marché » d’enfants pauvres à éduquer et s’appuyant sur les nombreuses possibilités offertes par les nouvelles technologies, Bridge International Academies a développé un business modèle unique. Grâce à l’assistance qu’ils puisent dans les nouvelles technologies et applications mobiles, les écoles Bridge ont des dépenses fixes 70% moins élevés que dans d’autres écoles. Des coûts moindres qui leur permettent d’offrir une éducation pour seulement 5$ par mois et par enfant. Leur modèle est dupliquable dans de nombreux contextes, ce qui leur permet de réaliser d’importantes économies d’échelle, rendant leur entreprise viable et durable. En 4 ans, 259 écoles basées sur ce modèle ont ouvert leurs portes au Kenya, offrant une éducation à 80 000 élèves. Bridge prévoit d’en éduquer 10 millions dans une dizaine de pays à l’horizon 2025. Le cinquième entrepreneur à avoir reçu le titre est le nigérian Gbenga Sesan. Il est à l’origine de l’entreprise sociale Paradigm Initiative Nigeria (PIN) qui vise à mettre en connexion les jeunes nigérians avec les opportunités socio-économiques offertes par les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Parmi les différents projets menés par PIN : mettre en lien les jeunes en recherche d’emploi avec les entreprises en recherche de personnel, lutter contre la cybercriminalité par des campagnes de sensibilisation et des formations ou encore faire se rencontrer les génies des NTIC nigérians avec des investisseurs potentiels qui leur donneront la chance de créer de la richesse grâce à leurs compétences. PIN propose également des missions de consultance à des organisations dans le besoin et travaille avec des partenaires tels que Microsoft et Google. Sixième lauréat : Allen Cox, le fondateur de Village Reach au Mozambique. Son entreprise social a pour mission de sauver des vies en améliorant l’accès à des soins de qualité dans les communautés les plus défavorisés. Village Reach collabore avec des structures privées et publiques dans le but d’étendre le système de santé jusqu’au « dernier mile » où l’on pourrait en avoir besoin. Le modèle de Village Reach repose sur 4 piliers : une distribution mieux maitrisée et plus efficace, de meilleures formations pour le personnel de santé, l’intégration des NTIC en vue d’améliorer la communication et le recueil et le traitement de données et l’identification d’opportunités de création entreprises sociales visant à soutenir la mission de Village Reach et de toucher un nombre plus importants de « clients ». Chacun de ses entrepreneurs incarne l’espoir d’une vie meilleure pour le haut pourcentage de personnes, en Afrique mais également dans le monde, qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Ils illustrent également l’efficacité, la légitimité et la durabilité du concept assez nouveau d’entreprise sociale qui en convainc certains autant qu’il en laisse sceptiques d’autres… mais qui, souvent, fait ses preuves.