Les sukuks, nouvelle forme de financement pour l’Afrique?

Auteur 3 juillet 2013 0
Les sukuks, nouvelle forme de financement pour l’Afrique?

Qu’est-ce qu’un sukuk ?

Le Coran interdit le recours aux prêts avec intérêt. Afin de répondre à cette exigence religieuse, les sukuks ont été créés. Ils sont ainsi une alternative aux obligations émises dans le monde occidental, d’où leur nom d’« obligations islamiques ».
Il s’agit d’un investissement fait dans un actif tangible, qui va générer des revenus réguliers. Les investisseurs reçoivent alors une rémunération correspondant aux revenus des actifs sous-jacents.

La principale différence entre les sukuks et les obligations traditionnelles à l’occidentale réside dans le fait que les sukuks sont basés sur des actifs tangibles tandis que les obligations conventionnelles sont basées sur de la dette.

Quels enjeux pour l’Afrique ?

L’Afrique a besoin de fonds pour financer son développement, notamment ses infrastructures. Dans ce contexte, il paraît logique que les pays africains cherchent à avoir accès à un maximum de sources de financement.

Le développement des sukuks pourrait permettre d’ouvrir la voie à des flux financiers islamiques, qui pourraient se révéler bénéfiques pour la zone.

En offrant des produits conformes à la charia, les gouvernements africains capteraient une partie de la manne financière détenue par les pays du Moyen-Orient et ainsi développeraient leurs économies respectives.

Une voie déjà explorée

Le Soudan a déjà exploré la voie des sukuks. En effet, le secteur financier, dans le pays, répond aux exigences de la charia. En 2007, HSBC et le DFIX ont structuré pour le compte de Berber Cement un sukuk d’une valeur de 130 millions de dollars.

De même, la Gambie émet depuis 2008 des sukuks à court terme.

L’Afrique du Nord avance

En Afrique du Nord, le printemps arabe a ouvert la voie à une présence plus importante de sukuks.

L’Egypte se penche sur la question et modifie actuellement sa législation afin de faciliter l’émission de sukuks.

La Tunisie a cherché en 2011 à se financer par l’intermédiaire de sukuks. De même, la banque centrale marocaine a annoncé qu’elle discutait avec le Groupe Professionnel des Banques du Maroc à propos des modalités d’émission de sukuks.

L’Afrique qui se cherche

Le Sénégal avait pour sa part émis le souhait de mettre en place des sukuks sur son territoire, pourtant aucun pas en avant sérieux n’a été constaté pour le moment.

De même, le Kenya, l’Afrique du Sud ont entamé des discussions sur le sujet, sans qu’aucune démarche précise n’ait été enclenchée.

Pourquoi une telle lenteur ?

Si les pays occidentaux traînent à émettre des sukuks, cela peut s’expliquer pour plusieurs raisons, principalement par le fait qu’ils sont critiqués par les experts financiers. Certains jugent en effet que les sukuks ne sont pas sans risques.

Car de fait, un sukuk est risqué dans le sens où il peut se révéler non conforme avec la Charia une fois le sukuk émis. Si un sukuk se révèle non conforme avec la Charia a posteriori, le contrat d’émission du sukuk peut être annulé.

Par ailleurs, la baisse du taux de référence impacte aussi bien les sukuks que les obligations conventionnelles, ce qui n’en fait pas des produits sans risques non plus, les sukuks ne sont pas des produits miracles.

Il existe toutefois peu d’opposition d’experts en Afrique sur le sujet. Une des raisons qui peut pousser les Etats africains à temporiser sur le sujet est le fait que les sukuks se révèleraient coûter plus cher que les obligations conventionnelles.

Des enjeux géopolitiques

Enfin, différents modèles de sukuks existent. Un sukuk peut être international ou bien domestique, il y a là par conséquent des enjeux géopolitiques sous-jacents ! Faut-il mieux trouver des fonds au sein de son économie ou faire appel à des capitaux étrangers ?

En d’autres termes, envers qui les Etats souhaitent-ils s’endetter ? Il existe bien entendu ici un désir de s’extirper de tout néocolonialisme financier.

Si l’Afrique veut rapidement capter les fonds des pays du Moyen-Orient, des décisions doivent être prises rapidement. Certains pays occidentaux comme la Grande-Bretagne ont déjà entamé des démarches en ce sens et risquent de se tailler rapidement une part du gâteau !

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