Le Clos des baobabs, premier vin made in Sénégal

Auteur 29 avril 2020 0
Le Clos des baobabs, premier vin made in Sénégal

Deux Français ont épousé un rêve fou en 2012 : faire pousser de la vigne et produire du vin au Sénégal, un pays à 95 % musulman et au climat tropical.

Avril 2015 à Nguékhokh, à une soixantaine de kilomètres de Dakar, dans la campagne sénégalaise. Au cœur d’une propriété de trois hectares entourée d’une immense forêt de baobabs, l’ambassadeur de France au Sénégal vient donner un coup de main pour un moment historique : les premières vendanges made in Teranga ! Sous l’impulsion de deux Français, François Normant et Philippe Franchois, ainsi que d’un œnologue sénégalais, Mokhsine Diouf, un projet de millésime sénégalais voit le jour dès 2012. Huit ans plus tard, il ne reste plus que les deux Français à la tête du projet et les premières bouteilles vont enfin être commercialisées sous le nom du Clos des baobabs.

Un informaticien et un assureur à la base du projet

Ce projet est le premier du genre dans un pays où personne n’a jamais osé faire pousser de la vigne, même au temps de la colonisation française (jusqu’en 1960). François Normant, informaticien installé à Dakar depuis 2007 et Philippe Franchois, né au Sénégal et revenu dans son pays de naissance pour mener à bien ce projet, ont persévéré pendant plusieurs années. Faisant face à de nombreux défis, ils voient leur ténacité récompensée par la vente à venir du millésime 2019. 

Dans un pays à 95 % musulman qui subit un climat tropical, faire pousser de la vigne n’est pas aisé. Les fondateurs du projet forment très vite un chef de culture, Abdoulaye Ndiaye, un local ancien professeur d’équitation qui gère le domaine lorsque les propriétaires sont absents. Ensemble, ils parviennent à organiser un système d’irrigation en puisant l’eau directement dans une nappe phréatique située à 180 mètres de profondeur. Ensuite, ils réussissent à faire prendre le bourgeon en le badigeonnant et en provoquant le choc thermique nécessaire à son développement.

Ils ne sont que tous les trois à tailler la vigne, en raison du travail très spécifique nécessaire à la réussite de leur entreprise. Une action réalisée en janvier (pour des vendanges en avril) qui dépareille de l’hémisphère nord où les vendanges ont lieu en septembre-octobre, le calendrier de culture devant s’adapter au climat tropical du Sénégal.

Les singes mangent la récolte en 2017

Sur tous les cépages testés, seul le Grenache se montre d’abord résistant. Une faible réussite qui convainc toutefois les deux Français de s’accrocher à leur projet. Peu à peu, ils parviennent à lutter contre les parasites et trouvent un système pour se protéger des singes, venus déguster les grappes de raisin la veille des vendanges de 2017.

Au final, Grenache et Cabernet parviennent à survivre et à produire du raisin en quantité suffisante pour embouteiller un millier de bouteilles pour le cru 2019. Les œnologues reconnaissent un goût boisé pour un vin dont le prix de vente devrait se situer aux environs de 25.000 Francs CFA (autour de 40 euros) et qui ne sera écoulé que dans quelques hôtels sénégalais et peut-être aussi à l’aéroport international de Dakar. 

Les propriétaires, quant à eux, envisagent de planter un hectare supplémentaire sans aucun porte-greffe, le sol sénégalais n’étant normalement pas contaminé par les pucerons comme en Europe. Après huit années de dur labeur, il semblerait que la réussite du projet des deux Français leur donne envie de voir encore plus grand. Et peut-être d’être imité par des voisins d’Afrique de l’Ouest.

Sources des photos : lefigaro.fr / Commodafrica.com / lamazelle.be

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