Alors que chaque minute, la planète consomme un million de sacs en plastique, le continent africain déclare la guerre à cette pandémie.
« J’avais un bélier qui est mort brutalement. J’ai ouvert sa panse et j’ai découvert qu’elle était remplie de plastique. » Philippe Yoda explique comment il a pris conscience que son pays, le Burkina Faso, vivait un drame écologique majeur, celui des déchets plastiques.
En particulier, les plastiques noirs qui emballent les aliments et que l’on retrouve à chaque coin de rue ou de piste. Dans la seule ville de Ouagadougou, ce sont 40 000 tonnes de plastiques qui sont produites chaque année. Philippe Yoda, l’ancien plombier, décide alors d’éradiquer ce fléau. Il récolte des aides de l’Etat ainsi que d’ONG et créé l’Association pour l’innovation et la recherche technologique appropriée en environnement (Airtae).
Plastiques VS ciment
Après avoir breveté son système de recyclage, primé de huit médailles d’or, Philippe Yoda offre aux Burkinabaises une formation afin qu’elles puissent recycler et transformer le plastique. Sortiront de ces unités de recyclage des objets utilitaires pour la vie quotidienne. Sont produit des tables basses, des pots de fleurs, des bancs et tabourets et autres carreaux ou pavés, avec des atouts technologiques et un coût de revient inférieur à celui du ciment. Mélangé à du sable, cette « solution » offre des qualités semblables à celles du goudron. 20 kilos de déchets permettent de fabriquer 5 kilos de ce matériau.
Un business « social » ?
Ce sont plusieurs pays d’Afrique qui se lancent dans ce business. Au Sénégal, avec 5 millions de sachets plastiques utilisés par jour, la récolte des déchets plastiques est devenue une activité lucrative. Un collecteur arrive à gagner autour de 20 euros par jour en récoltant entre 200 et 400 kilos. Un revenu largement supérieur au commerce du carton, du verre, des métaux ou des chiffons.
Le traitement des déchets plastiques est devenu une véritable industrie et c’est toute une filière qui, du fabricant de sacs aux recycleurs, permet de faire tourner tout un système industriel fructueux.
Investisseurs étrangers
Au sommet de cette industrie, on trouve le recyclage des plastiques dits PET, utilisés pour la fabrication des bouteilles. Les clients peuvent ainsi passer commande sur plusieurs tonnes de bouteilles, puis paieront au poids. Dès lors une concurrence sévère se met en place et il n’est pas rare d’y trouver des hommes d’affaires chinois, indiens, espagnols ou italiens.
Une bulle qui devrait éclater ?
La gestion des sacs plastiques est LE sujet principal africain en matière d’écologie. Plusieurs pays optent pour l’interdiction pure et simple de leurs production et commercialisation.
Depuis le 1er janvier 2013, le gouvernement mauritanien a interdit l’usage des sacs plastiques. Une mesure accompagnée de sanctions pouvant aller jusqu’à un an de prison ferme en cas de non-respect de celle-ci. La Mauritanie n’est plus le seul pays à avoir interdit l’usage des sacs plastiques, une dizaine d’autres pays mènent une lutte sans merci contre ce fléau.
Il n’y a qu’un pas pour que la politique menée en Afrique mette un terme à ce business écologique qui se nourrit d’une situation que certains aimeraient voir perdurer. Espérons alors que l’ingénieux Philippe Yoda trouve d’autres fléaux à combattre.
C’est presque l’urgence absolue. La plastique tellement utilisé en Afrique menace cette terre et ces richesses.