Maroc: La baisse des exportations du phosphate ne fait pas peur

Auteur 8 juillet 2013 0
Maroc: La baisse des exportations du phosphate ne fait pas peur

L’Afrique du nord recèle une réserve importante de phosphate. Le Maroc en particulier est l’un des pays qui possède, dans son sous-sol, des gisements importants de ce minerai. Le phosphate est l’un des piliers économiques de ce pays maghrébin. Depuis quelques mois pourtant, les volumes exportés diminuent.

Maroc: 1er fournisseur de phosphate au monde

Depuis 1920, l’Office chérifien des phosphates exploite les réserves de phosphate au Maroc. Ce minerai est au centre de toutes les attentions car il est utilisé dans la fabrication d’engrais. Dans la « course aux armements » agricoles à laquelle se livrent les nouvelles puissances économiques, comme la Chine et l’Amérique latine, cette ressource naturelle occupe une place stratégique. Le Maroc jouera un rôle de juge de paix dans cette histoire. Le pays partage avec le Sahara Occidental 5,7 milliards de tonnes (3 milliards pour le Sahara Occidental et 2,7 pour le Maroc) de réserve prouvée en phosphate.

L’agriculture est très gourmande en phosphate et ses dérivés. Environ 170 millions de tonnes par an sont mises à contribution par les agriculteurs pour la fertilisation des sols. Le ratio d’utilisation de phosphate suit une courbe ascendante au fur et à mesure que la population mondiale augmente. Aujourd’hui, une tonne de phosphate est nécessaire pour 130 tonnes de céréale.

phosphate fertilizer

Afrique et phosphate

Le continent africain est très bien représenté dans le cercle des producteurs mondiaux de phosphate. Selon le classement annuel établi par l’Association internationale des industries des engrais (IFA), six nations africaines trustent les premières places des producteurs mondiaux de phosphate. Entre autres, le Maroc, la Tunisie, l’Égypte, l’Afrique du Sud, le Sénégal et le Togo.

Mais c’est le Maroc qui se taille la part du lion dans ce marché très concurrentiel. Il fait figure d’épouvantail dans le milieu. Le pays détiendrait environ 80 % des réserves mondiales, principalement dans les bassins miniers de Khouribga et de Gantour. L’Office chérifien des phosphates (OCP) est le premier producteur mondial. Il représente, à lui seul, plus de 45 % des exportations de ce minerai. Organisme d’Etat, devenu Groupe OCP en 1975, l’OPC produit annuellement 10,1 millions de tonnes de phosphate.

Avec l’OPC en tête de gondole, le Maroc exporte le minerai sous toutes ses formes. Sa clientèle est répartie sur les cinq continents. L’office chérifien a profité des demandes mondiales en hausse pour renforcer sa position dominante. Il dessert actuellement les principales puissances agricoles à l’instar de l’Amérique latine et l’Asie qui sont gourmandes en fertilisants. Leur part de consommation mondiale des engrais est passée à 70% en 2010.

Tendance baissière malgré une demande croissante

Malgré des décennies d’embellie, un orage a pointé son nez dans le ciel marocain au début de cette année. Par rapport à la même période en 2012, une tendance baissière est constatée au niveau des exportations marocaines.

En effet, vers la fin février 2012 les exportations étaient en hausse. Elles ont enregistré un bond de 29% par rapport à 2011, soit 4,303 milliards de dirhams. Pourtant, fin avril 2013, la valeur des exportations marocaines de phosphates a chuté à 3,002 milliards de dirhams, affichant ainsi une régression de 30,2 %, ce malgré l’évolution du marché mondial de l’engrais de l’ordre de 3,6% par an.

maroc-industrie

Cette contraction des exportations impacte d’une manière ou d’une autre l’économie marocaine. Le secteur minier marocain, dont l’extraction du phosphate est le moteur, joue un rôle important dans les activités commerciales du Maroc. Il représente près de 21% des recettes d’exportations et emploie près de 40 000 personnes. Les mines génèrent près de 6% du PIB marocain et représentent près de 20% des exportations nationales. La baisse de la demande mondiale est la cause principale du recul des exportations en phosphate.

Une baisse qui ne freine pas le dynamisme industriel

Malgré cette tendance baissière, la situation n’est pas alarmante. Les prix demeurent élevés à l’échelle internationale. La baisse des exportations n’a pas influé d’une manière dramatique sur le chiffre d’affaires de l’office chérifien. Les perspectives d’avenir sont radieuses pour le phosphate marocain. La projection de l’OCP indique que d’ici 2017, quatre nouvelles mines devraient être achevées et opérationnelles, ainsi que quatre autres usines de production d’engrais.

Le Maroc boostera ainsi sa production d’engrais avec un volume total de 9 millions de tonnes d’ici 2020, soit le triple de sa production actuelle. Une nouvelle usine de lavage des phosphates à El Halassa, d’une valeur 227 millions d’euros, est également en cours construction. Elle aura comme objectif d’augmenter la capacité de production de la mine de Khourigba. D’autres projets sont en cours et renforceront la position dominante du Maroc.

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