Les présidents 2.0 de l’Afrique

Auteur 26 juin 2013 0
Les présidents 2.0 de l’Afrique

Alors qu’internet ne cesse de croître en Afrique (267 millions d’internautes, 54 millions d’abonnés à Facebook en 2013), les dirigeants du continent s’ouvrent à la communication digitale: Site web, page Facebook, compte Twitter font désormais partie de l’arsenal politique de tout bon chef d’Etat. Voici donc, entre Le Cap et Tunis, un tour d’horizon, de quelques présidents 2.0.

Avec plus de 250 000 « followers », Jacob Zuma, président de l’Afrique du Sud, est l’homme d’Etat du continent le plus suivi sur Twitter. Autoproclamé président 2.0 quand il ouvrait son compte, il s’y est montré surtout actif dans la période précédent son élection.

Alternant les messages traditionnels, – présentation de son programme, appel à voter – et les interventions moins conventionnelles – soutien aux Springboks durant la coupe du monde de rugby – il a su alors instaurer une grande proximité avec ses partisans. Depuis, il se montre surtout actif sur Facebook où sa page compte 31 500 abonnés.

Près d’un million de fans pour Jonathan Goodluck

Le chef d’Etat Rwandais Paul Kagame peut se réclamer à juste titre de l’appellation président 2.0. Sous sa conduite, le Rwanda est devenu l’une des vitrines numériques de l’Afrique. Paul Kagame est féru de nouvelles technologies. Son compte Twitter est l’un des plus actifs du continent (139 000 « followers »).

Sur Facebook (47 000 abonnés), il n’hésite pas engager la conversation sur des sujets divers. Il y a créé un forum intitulé, «Answers of the week». Les internautes lui adressent leurs questions et chaque semaine il répond sur l’un des thèmes évoqués.

Prenant exemple sur Barak Obama, Jonathan Goodluck avait présenté sa candidature à la présidence du Nigeria sur Facebook. Avec 951 000 fans, il est le président africain le plus populaire sur le fameux réseau social.

Il y tisse un lien étroit avec ses concitoyens comme lorsqu’en octobre 2012 son pays subit des inondations meurtrières. Il multiplie alors les messages d’information en temps réel pour faire le point sur les secours et apporter son soutien aux victimes. Avec près de 50 millions d’utilisateurs d’internet, le Nigeria se classe dans le top 10 mondial et au premier rang africain.

« Bienvenue à Obama »

Au Sénégal, Macky Sall a pu profiter de l’engouement des jeunes du pays pour les réseaux sociaux et le microblogging. Sa page Facebook a franchi la barre des 30 000 abonnés fin 2012. Il y intervient quasi quotidiennement pour réagir à l’actualité, et sa photo d’ouverture présente actuellement un message de bienvenue à Barack Obama.

On peut y suivre aussi son activité notamment à travers les comptes rendus en images de chacun de ses déplacements. A l’occasion, il n’hésite pas à susciter le débat avec les internautes, comme lorsqu’il sollicite directement leurs réactions à propos de la décentralisation des conseils de ministres. Il compte 6000 « followers » sur Twitter.

Arrivé au pouvoir suite au « printemps arabe » qui a marqué l’émergence d’internet dans les mouvements sociaux, le président tunisien Moncef Marzouki se retrouve presque naturellement parmi les plus connectés du continent. Son compte Tweeter, qui compte près de 50 000 « followers », est quotidiennement alimenté de messages exclusivement en arabe. Les 120 000 abonnés à sa page Facebook peuvent y trouver des informations sur sa présidence en arabe, en français et aussi en anglais.

27 abonnés Facebook !

D’autres chefs d’Etat pourraient figurer dans ce panorama. Aujourd’hui la classe politique africaine se tourne résolument vers la communication digitale. Si le ton reste encore très institutionnel, les médias numériques poussent les politiques à un dialogue plus ouvert.

Cependant, l’engouement pour internet ne s’accompagne pas toujours d’une totale transparence. Ainsi au Cameroun, l’accès à Twitter a connu récemment des coupures pour de peu évidentes « raisons de sécurité ». Il n’en demeure pas moins que l’interactivité ne peut que favoriser les échanges et fluidifier le débat.

Et ce n’est sans doute pas un hasard, si à l’autre bout de l’échelle, parmi les chefs d’Etat les moins connectés d’Afrique, on trouve Issayas Aferwerki, le président de l’Erythrée. Sa page Facebook totalise 27 abonnés. Rappelons que son pays a été récemment classé par Reporter Sans Frontière (RSF) au dernier rang mondial pour la liberté de la presse.

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