Les technologies de l’information et de la communication suscitent de nombreux espoirs quant aux nombreux défis que rencontrent les systèmes éducatifs en Afrique.
Les enjeux de l’éducation en Afrique
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’acte constitutif de l’UNESCO (l’organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) proclame, dans son préambule, que tous les Etats s’engagent à « assurer à tous le plein et égal accès à l’éducation ».
Reconnue comme un droit universel pour tout individu et un élément essentiel du développement économique et social des nations, l’éducation apparaît comme un enjeu crucial pour l’Afrique. Ce continent en développement que l’hebdomadaire The Economist décrivait en mai 2010 comme « Le continent sans espoir » apparaît, aujourd’hui, aux yeux de nombreux observateurs, comme disposant, au contraire, d’énormes potentiels. L’Afrique depuis les années 80 enregistre en effet une croissance de près de 2 % en moyenne, et représente aujourd’hui 4 % de la richesse mondiale, 7 % en 2030 soit une richesse probablement supérieure à l’Europe.
Depuis quelques années, l’essor du numérique et des technologies de l’information et de la communication (TIC) est une composante majeure du développement social, économique et culturel en Afrique. C’est un levier de progrès majeur en matière d’éducation, révolutionnant la transmission des connaissances au sein d’une société où la tradition est un fondement des communautés.
Des initiatives pour développer les outils numériques dans le système éducatif en Afrique
Sankoré, le nom d’une des plus anciennes universités au monde, fondée au XVe siècle au Mali, est également le nom d’un programme de révolution numérique mis en place en Afrique en 2009. Ce programme vise à équiper les écoles africaines et à former en parallèle les enseignants à l’utilisation de ces nouveaux outils qui transforment considérablement les pratiques pédagogiques.
Les ressources éducatives sont accessibles par le biais d’un moteur de recherche intégré sur la plate-forme en ligne Sankoré. Une suite logicielle open-source est également proposée comprenant un concepteur pédagogique et un pilote pour les TNI (tableaux numériques interactifs). Une communauté de plusieurs centaines de membres du projet Sankoré produit et partage leurs ressources numériques interactives.
Au Sénégal, le projet Sankoré a vu le jour en 2012 avec l’appui d’une ONG, RAES (Réseau africain pour l’éducation, la santé et la citoyenneté). RAES veut s’appuyer sur les TIC pour renforcer notamment l’éducation. Il intervient principalement en Afrique de l’Ouest : Sénégal, Mali, Guinée, Bénin, Burkina-Faso, Niger, Cameroun, Togo et Gabon.
Le projet Sankoré au Sénégal a pour ambition d’équiper un maximum de classes d’un kit numérique composé d’un ordinateur, d’un vidéoprojecteur interactif (1100 classes en seraient équipées). Pour développer des méthodes d’enseignement et d’apprentissage innovantes, il est nécessaire d’assurer une formation des enseignants au logiciel « Open Sankoré » qui permet de créer des contenus pédagogiques interactifs.
A Madagascar, c’est l’enseignement supérieur qui fait l’objet d’initiatives pour développer les outils numériques. Comment former 7000 futurs médecins avec seulement 70 professeurs sur un territoire aussi vaste que la France ? L’université de Tananarive mise sur un développement des outils numériques : supports et cours filmés en ligne, visioconférences.
Des obstacles à lever pour assurer l’essor du numérique en Afrique
Les projets visant à développer l’appropriation des outils numériques dans le système éducatif africain sont prometteurs.
Cependant, un certain nombre de défis restent à relever : l’insuffisante formation des équipes enseignantes, la difficulté à assurer une maintenance efficace des équipements, ou tout simplement un manque de sources d’énergie dans certaines localités pour connecter les différents outils numériques.
D’un point de vue structurel, l’Afrique doit pouvoir assurer un niveau d’équipements et de services permettant d’assurer l’essor des usages numériques. Cela passe principalement par un développement des réseaux (fibre optique, réseaux satellite, bornes WiFi) et un maillage du territoire par des opérateurs assurant une bonne qualité de connexion et de service Internet. L’avenir du « mobile learning » est prometteur dans la mesure où le taux de pénétration du mobile en Afrique est de près de 80 % avec 350 millions de smartphones connectés.
L’essor de projets comme Sankoré témoignent d’une dynamique en faveur du développement des outils numériques dans le domaine de l’éducation en Afrique. Le développement des technologies numériques nécessite des investissements lourds en matière d’infrastructures de réseaux et d’équipements en technologies de l’information et de la communication. Il est également nécessaire d’anticiper une évolution du marché du travail pour faire émerger de nouveaux métiers (ingénieurs, informaticiens, formateurs aux usages numériques…). C’est une révolution numérique qui est à l’œuvre et qui entre en résonance avec le potentiel de croissance considérable du continent africain.