Le Royaume dispose de nombreux atouts pour le développement de l’hydrogène vert et pourrait devenir un fournisseur majeur pour l’Union européenne à l’horizon 2050.
Le Maroc a signé en juin dernier à Berlin un accord avec l’Allemagne pour développer le secteur de l’hydrogène vert. Cet accord vise à mettre en place des projets de recherche et d’investissements dans ce secteur. Dans le cadre de ce partenariat, une plateforme de recherche devrait voir le jour vers la fin de l’année, ou plutôt début 2021 compte tenu du contexte de crise sanitaire actuel.
De son côté la Commission européenne a présenté le 8 juillet dernier un plan de développement de l’hydrogène vert pour les pays de l’Union. L’objectif est de décarboner les secteurs les plus polluants comme les transports ou la sidérurgie. Bruxelles espère ainsi amener l’hydrogène entre 12 et 14 % du mix énergétique de l’UE en 2050.
L’hydrogène vert est une solution prometteuse. C’est en effet une source d’énergie illimitée, décarbonée, stockable et transportable. Elle peut être transformée soit en électricité soit en carburant, ce qui en fait une alternative aux énergies fossiles qui restent encore largement majoritaires dans nos sociétés.
Le Maroc est un partenaire incontournable pour l’Allemagne et l’Union européenne car il dispose d’une capacité éolienne et solaire exceptionnels. Or la production d’hydrogène vert provient essentiellement de ces deux sources. Le Maroc a en effet entrepris d’importants investissements dans le domaine des énergies renouvelables depuis 2009.
Une unité de production d’hydrogène vert
Dans le cadre de ce partenariat avec l’Allemagne, le Maroc a signé un certain nombre d’accords de coopération, parmi lesquels la construction d’une unité de production d’hydrogène vert dans le Royaume, qui serait la première unité de ce type sur le continent africain.
Une étude élaborée en 2018 place le Maroc parmi les six pays aptes à exporter l’hydrogène. Sa stratégie de transition énergétique associée à sa proximité avec l’Europe sont les facteurs majeurs qui en font un pays approprié pour le développement de cette production d’hydrogène vert. La production d’ammoniac jouerait un rôle important dans ce développement à l’export. Combiné à l’azote, l’hydrogène permettra à terme au Maroc d’économiser les deux millions de tonnes d’ammoniac qu’il importe annuellement.
Pour marquer sa volonté de devenir un leader mondial dans le secteur de l’énergie verte, le Maroc a mis en place une commission nationale sur l’hydrogène, ainsi qu’un certain nombre d’agences comme Masen (Agence marocaine pour l’énergie durable), l’Iresen (Institut de Recherche en Énergie Solaire et Énergies Nouvelles) ou encore le Cese (Conseil économique, social et environnemental).
La plateforme de recherche et développement, ou centre Green H2A, testera des pilotes de petites puissances (1 à 5 mwh) d’électrolyses, d’ammoniac vert, du méthanol vert et de combustibles synthétiques.
La production par dessalement d’eau de mer
La fabrication d’hydrogène se fera à partir du dessalement de l’eau de mer, notamment le dessalement solaire. Les unités de production devront donc être implantées sur la côte. Cela permet de bénéficier d’un coût de dessalement très marginal (1 %), et de plus cela ne nuira pas à l’environnement dans la mesure où l’eau sera réinjectée dans son cadre naturel. « Ce recours à l’hydrogène permettra de décarboner plusieurs secteurs industriels. » explique Badr Ikken, directeur général de l’Iresen.
Ce secteur de l’hydrogène vert peut également avoir un impact significatif sur la balance commerciale et les réserves de change du pays. En plus de gagner son indépendance énergétique, le Maroc bénéficiera d’un partenariat accru avec l’Union européenne.
Si le Maroc n’est pas le seul pays africain apte à produire de l’hydrogène, sa proximité géographique avec l’Europe lui donne un avantage en limitant la distance de transport. Comme pour l’industrie gazière, le transport de l’hydrogène pourrait se faire par le biais d’un hydrogénoduc reliant le Royaume au continent européen, ce qui confèrerait des coûts de transports particulièrement compétitifs par rapport à ses concurrents potentiels comme l’Algérie ou la Lybie.
Photos : Infomediaire.net et lematin.ma