Vous pensiez que tout avait déjà été inventé en termes d’applications mobiles ? C’était sans compter sur la créativité de Charles Akhimien. Le jeune médecin nigérian qui se définit lui-même comme un « change-maker » a su allier ses deux vocations, la médecine et le monde des réseaux sociaux, pour créer des outils de santé publique 2.0.Mais la médecine n’est pas son seul amour. Passionné de mythologie grecque, il s’épanouit dans l’écriture, et notamment le blogging, qui lui a valu un prix de la part de l’ONU.
Médecin diplômé de l’université de Benin City au Nigeria, le docteur Charles Akhimien aime troquer sa blouse blanche pour son clavier. Ce blogueur chevronné se passionne pour le Web 2.0 et toutes les possibilités qu’il offre, notamment dans le domaine médical. C’est d’ailleurs sur la thématique de l’influence des réseaux sociaux dans les habitudes alimentaires qu’il sera remarqué par l’UNEP, le programme des Nations unies pour le développement, dont il remporte la compétition de blogging en 2013 à l’occasion de la journée mondiale pour l’environnement. Il deviendra par la même occasion blogueur officiel de l’organisation, un titre dont il n’est pas peu fier.
Akhimien, entrepreneur social
Passionné d’entreprenariat et toujours prêt à se lancer dans de nouvelles aventures, le docteur Akhimien crée en 2014 MOBicure, une start-up ayant pour objet d’allier ses deux vocations, la médecine et les médias sociaux. L’objet de MOBicure est de créer des solutions mobiles à des problèmes de santé. L’idée principale est que, tout comme l’accès aux télécommunications a été révolutionné par l’arrivée des technologies mobiles, ces dernières pourraient donner accès à des services médicaux dans des zones non-couvertes par des centres de santé.
Le prix GIST
Et le projet du docteur Akhimien semble porter ses fruits, et notamment son produit phare, l’application OMOMI. Le principe, une application sous Android, destinée aux mères, qui se veut un véritable tableau de bord de la santé de leur enfant. En plus de vous rappeler par SMS quand vacciner votre enfant et de suivre son développement nutritionnel et sa croissance au jour le jour, OMOMI se veut une plateforme d’information et d’échanges médicaux sur la question de la santé mère-enfant. Vous pourrez y recevoir des conseils sur l’allaitement, le planning familial, et pourrez communiquer avec d’autres mères connectées à l’application. L’application se veut une véritable alternative à la consultation médicale traditionnelle, puisqu’elle permet aux utilisatrices d’être mises en relation directement avec des médecins, lesquels peuvent leurs prodiguer des conseils. Si l’intervention d’un professionnel de santé est nécessaire, l’application orientera l’utilisatrice vers l’hôpital le plus proche grâce à la géolocalisation.
Le médecin qui voulait remplacer les médecins
Le docteur Akhimien ne serait-il pas en train de déshumaniser la médecine, en tentant de remplacer le regard avisé du clinicien par la machine ? Outre le fait que les applications que tente de lancer l’entreprise MOBicure, telles que OMOMI, sont des plateformes d’échanges entre patients et médecins et laissent donc une place à la réflexion du médecin, la question du remplacement des médecins ne se pose pas dans les marchés ciblés par la firme. En effet, son objectif principal n’est pas de changer à l’aide de gadgets technologiques le rapport à la médecine là où il existe déjà, mais plutôt de faire entrer le suivi médical là où il est absent, et notamment dans les déserts médicaux africains ou asiatiques. Des zones que l’Internet mobile semble avoir pénétrées plus facilement que la santé publique. Pour développer l’application OMOMI, la société MOBicure s’est d’ailleurs appuyée sur les prérogatives de l’Organisation mondiale de la santé en termes de lutte contre la mortalité infantile. Une problématique qui touche principalement des pays africains et asiatiques.